Cette mère de famille chrétienne avait été condamnée à mort par le tribunal de Lahore en 2010, pour avoir blasphémé Mahomet. La Cour Suprême vient de lui accorder une libération surprise.
Coup de théâtre à Islamabad. Mercredi 31 octobre, la Cour suprême du Pakistan a acquitté Asia Bibi, une mère de cinq enfants de confession chrétienne, qui avait été condamnée à mort pour blasphème en 2010. Une affaire qui avait scandalisé de très nombreux pays dans le monde. Comme le rappelle le journal Dawn, le cas d’Asia Bibi était très disputé : “Dès 2011, le gouverneur du Pendjab (où la sentence de la jeune femme avait été prononcée, ndlr) avait été abattu en plein jour pour lui avoir apporté son soutien. L’assassin avait été condamné à mort et exécuté en 2016.”
Il était reproché à Asia Bibi d’avoir “insulté le prophète Mahomet en présence de trois femmes musulmanes, avec lesquelles elle ramassait des fruits dans un champ”. L’intéressée avait démenti, assurant qu’elle s’était fâchée avec ses accusatrices qui avaient refusé de boire de l’eau apportée par ses soins, au motif qu’elle était chrétienne. L’an passé, la Cour suprême avait déjà dénoncé “les excès” de la loi en matière de blasphème, notamment en l’absence de preuves suffisantes, souligne Dawn. Les juges ont du reste précisé que la peine capitale “viole l’obligation du Pakistan de respecter le droit à la vie et à un procès équitable, et d’interdire la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants”.
La libération immédiate d’Asia Bibi ne fait pas que des heureux. Face aux menaces de manifestations de mécontentement après l’annonce de son acquittement, la région du Sindh, dans le sud du pays, a “restreint les libertés de circulation à deux roues”, indique le quotidien The News. Les Taliban de l’organisation islamique Tehreek-e-Labbaik Pakistan sont de fait descendus dans la rue “à Lahore, Karachi, Islamabad et Peshawar”, rapporte le Daily Times, plusieurs routes ont même été “bloquées” par des camions garés en travers de la chaussée. Au Pendjab, les rassemblements de plus de quatre personnes ont été “interdits jusqu’au 10 novembre”.