Difficile d’y échapper : les citrouilles, sorcières et autres toiles d’araignées seront partout aujourd’hui pour Halloween.. une fête plébiscitée par les enfants et qui semble vouloir durer, dans l’Ouest plus qu’ailleurs.
Après tout Halloween, la Toussaint, la fête des défunts sont toutes placées autour du 1er novembre.. qui était aussi la date d’une fête très ancienne célébrée il y a plus de 2.000 ans dans l’Ouest et une partie de l’Europe : la fameuse “Samain” des Celtes. Mais que sait-on de cette fête ? Quelle forme pouvait-elle prendre ? La réponse de Claudine Glot, fondatrice du Centre de l’Imaginaire Arthurien en Brocéliande, au micro de Yann Launay.
“C’est la fête totale, le grand banquet que préside le druide, où les guerriers se réunissent, il y a de la bière, on chante, et on évite de trop sortir, parce que c’est la nuit où tous les esprits sont lâchés… Cette fête était la fête la plus importante, elle marquait la fin de la saison claire, et l’entrée dans la saison sombre, dans la nouvelle année.”
Ne peut-on pas voir un lien entre les fêtes chrétiennes (Toussaint/Fête des morts) et la Samain ?
“Il y avait eu plusieurs essais pour célébrer tous les saints à des dates printanières, et la date finit par se fixer le 1er novembre, et là on se dit : les saints ont une vie réelle, et ensuite ils deviennent des esprits, donc on rejoint ‘la nuit de tous les esprits”, et la fête des défunts s’ajoute à cela, et là on est totalement dans cette fraction de l’autre monde que représentait Samain, et que représent sur un registre religieux la Fête des morts.”
Halloween ne fait pas l’unanimité
Certains dénoncent une fête commerciale venue des Etats-Unis, éloignée de la culture française et artificielle. Mais ce sont des traditions emportées vers le Nouveau monde par les migrants irlandais aux XVIII et XIXème siècle, et revenues en Europe… Finalement, Halloween serait-elle une forme de retour de la Samain sur son continent d’origine ?
“Comme au temps des Celtes, on raconte des histoires, on fait des plats spéciaux, on se fait peur, il y a cette persistance : c’est le moment où l’on plonge dans l’obscurité, qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? Il y a de la peur, mais il y a aussi des esprits qui peuvent être bons.. Un rituel païen et festif qui à la fois célèbre la vie et conjure les forces noires de l’autre côté.”
Les attaques contre Halloween pas justifiées !
Pour Claudine Glot, les attaques contre Halloween ne sont pas forcément justifiées, et cette persistance d’Halloween serait même positive.
“Si la forme que l’on donne à Halloween n’est pas jolie, on n’est pas obligé de suivre, mais on peut trouver autre chose… Je trouve que ritualiser l’année, garder le rythme des saisons, la mémoire, c’est très positif, cela convoque les forces de l’imaginaire, qui sont les forces créatrices.”
Le Centre de l’Imaginaire Arthurien organise un festival d’automne, la Semaine de la Samain qui s’achève aujourd’hui 31 octobre. Depuis une semaine, sont proposés jeux de piste, balades contées, expériences nocturnes, dédicaces d’auteurs et bien sûr des veillées contées autour des légendes de l’ankou… avec la participation du conteur Bruno Sotty, qui constate le succès grandissant de ces veillées.
“Je pense que les gens ont besoin de revenir à ces traditions là parce qu’ils ont besoin de se sentir ancrés dans leur environnement, de ralentir le rythme, de se reconcentrer sur soi-même et sur les autres.. Ces veillées, ces moments de partage, c’était avant tout : retrouvons nous autour de symboles communs, parlons-en, et après chacun peut se replier dans son foyer, y réfléchir, pour mieux renaître au printemps.”
On pourrait croire ces vieilles légendes bretonnes autour de l’ankou désormais poussiéreuses, dépassées, mais pour Bruno Sotty, elles résonnent encore aujourd’hui et touchent le public.
“Cela permet de briser un tabou, de na pas avoir peur d’en parler.. et lorsque l’on conte la légende de la mort, on conte des villages entiers qui se réunissaient parce que quelqu’un était perdu, des histoires de conflits qui se résolvent… Le message, à la fin de nos veillées contées : maintenant vous avez pensé aux morts, il va être temps de penser aux vivants.”