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Les historiens, algériens ou non, ne se bousculent pas pour aborder le sujet. La guerre d’Algérie a pourtant bien eu une dimension religieuse.

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L’ennemi est « l’infidèle », la guerre est un « djihad »

Ne dit-on pas « moudjahid », alors que le mot arabe pour « combattant » existe ? « Fidaï » (« fidayine » au pluriel), qui évoque le « sacrifice », pour désigner le terroriste (celui qui en tuant y compris des civils est chargé de provoquer de la terreur) et « chahid » (au pluriel « chouhada ») pour le combattant tué, mais dont la signification littérale est « martyr » (de la religion)…

Des preuves, Roger Vétillard va en convoquer 45. Pas une de moins ! « Précises et vérifiables », comme insiste l’auteur. La déclaration d’indépendance du 1er Novembre 1954 a pour but un Etat souverain, mais « dans le cadre des principes islamiques ». On se jure fidélité sur le Coran. On coupe le nez des déviants pris en flagrant délit. L’homosexuel est puni de la peine de mort, quel que soit son grade (le chef militaire Bachir Chihani en fera l’expérience). L’égorgement n’est pas un acte sauvage pour le combattant, puisque sanctifié par l’islam. L’ennemi est « l’infidèle », la guerre est un « djihad ». On la mène au cri d’ « Allahou akbar » (Allah est le plus grand). Et ceux qui la font sont des « frères » (« khawa », c’est-à-dire des frères… musulmans). Dans les zones qu’il contrôle, le FLN remplace la juridiction française laïque par la charia.

« L’islam a été le ciment qui nous permit de sceller notre union »

Un des grands dirigeants de la lutte armée, et particulièrement du massacre du 20 août 1955 dans l’est-algérien, Lakhdar Ben Tobbal, avoue dans ses mémoires avoir fait la guerre aux non-musulmans : « Bons ou mauvais, je ne faisais pas de différence ». Un autre dirigeant, Si Abdallah, témoigne : « Nous n’arrivions pas dans une mechta en soldats révolutionnaires mais en combattants de la foi et il est certain que l’islam a été le ciment qui nous permit de sceller notre union… » Même un des dirigeants souvent présenté comme le Saint Just laïque de la révolution et qui sera assassiné par les siens, le Kabyle Abane Ramdane, ne dérogera jamais à l’idéologie dominante qui se veut « arabo-musulmane », et à ce titre signera un texte contre « les berbéristes », destiné à la Fédération de France du FLN. Quant à l’autre chef kabyle, le Colonel Amirouche, très peu savent qu’il adhéra à l’Association des Oulémas (d’où sortiront plus tard les cadres de l’islamisme), qu’il défendit la langue arabe contre le berbère, qu’il s’opposa radicalement aux « berbéristes » (nationalistes qui ne voulaient pas d’une Algérie fondée sur des critères ethniques ou religieux) et qu’il imposa les prières quotidiennes à ses subordonnés dans les maquis.

Aussi, le résultat d’une telle orientation pouvait-il être autre que celui qui s’imposa au moment de l’indépendance et que révéla clairement le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Ben Khedda, trente ans plus tard dans ses mémoires : « En refusant notamment la nationalité algérienne automatique pour un million d’Européens, nous avions prévenu le danger d’une Algérie bicéphale » ? Les accords d’Evian du 18 mars 1962 (qui ne furent jamais ratifiés par l’organe suprême du congrès de Tripoli) se refusaient à considérer les non-musulmans comme des Algériens. Diktat imposé par le FLN à la France, en échange de l’autorisation à exploiter le pétrole durant 10 ans. Les non-musulmans ne pouvaient devenir Algériens qu’en en faisant la demande, souvent refusée à des militants de la cause indépendantiste.

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