Dans un entretien au Magazine littéraire, vous posiez la question : « En quoi l’islam a-t-il été utile à l’humanité ? » . Que répondriez-vous ?
Il s’agit de la formulation un peu brutale d’une autre question : en quoi sommes-nous universels, et le sommes-nous encore ? La réponse pourrait être la suivante : nous voulons à la fois appartenir à cette humanité et nous refusons qu’elle fasse partie de nous. Nous refusons les valeurs universelles et en même temps nous crions au scandale d’une humanité qui refuse les musulmans de culture ou de croyance. C’est quelque chose qui m’interpelle depuis très longtemps : nous gémissons parce que le monde nous exclut, mais nous excluons tout ce qui est universel, et nous ne faisons que nourrir nos particularismes au nom d’une identité culturelle fantasmée. Honnêtement, qu’est-ce que nous apportons au monde ? Rien du tout. C’est cruel de le dire, c’est blessant pour l’image narcissique des post-colonisés, ça heurte cette culture du din [de la religion, ndlr] chez nous, mais c’est la vérité. Je ne remets pas en question l’apport d’individualités, la bonne foi de beaucoup de gens et leur sacrifice ; je parle d’un bilan collectif.