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Neuf mois de prison ferme pour le portail de la discorde

Tribunal correctionnel de BloisUne extorsion de 400 € et deux tentatives avortées, telles sont les infractions reprochées à Lénace qui a comparu entre trois policiers, mardi après-midi. Ce Vendômois de 40 ans était jugé en comparution immédiate suite à la plainte déposée par un certain Jérôme. Ce dernier l’accuse de lui avoir mis la pression à plusieurs reprises. « C’est de sa faute », proteste le prévenu. « Pendant la campagne électorale l’année dernière, il est venu avec deux amis qui sont sympathisants du Front national. Ils ont d’abord mis des inscriptions. J’ai protesté, je me suis fait traiter de sale noir et ils m’ont cassé mon portail. Il y en a pour 600 € et n’a pu me donner que 400 €, je lui ai dit de voir avec ses copains. J’habite près de la Nationale, ce portail protège mes enfants de la circulation. »
Très volubile, Lénace assure qu’il n’a pas menacé le plaignant. Oui, ils se sont bien allés ensemble dans un magasin pour acheter des vêtements, mais la carte bancaire de Jérôme n’a pas fonctionné faute de fonds suffisants. Il l’a également accompagné à un distributeur, mais là encore, échec. « Je ne suis pas devin, je ne savais pas qu’il touchait sa paye le 28 du mois. » Lénace reconnaît s’être rendu sur le lieu de travail de Jérôme, mais sans lui vouloir du mal. Pourtant, l’employeur du plaignant a décidé de changer l’itinéraire de sa tournée pour lui éviter de passer devant le domicile du prévenu.

Vingt-cinq mentions à son casier judiciaire

Le président Denis Dabansens s’étonne que Lénace n’ait pas consacré les 400 € remis par le plaignant à la réparation du portail. « Ça m’a pris la tête », répond ce dernier. Son casier ne plaide pas en sa faveur avec 25 mentions et des séjours en prison pour des violences et, justement, des extorsions. Lénace jure qu’il a tourné la page et qu’il est désormais un bon père de famille.
La représentante du ministère public n’est pas convaincue par ses explications. « Le problème, c’est que votre arrangement avec le plaignant était tout sauf amiable. La victime est une personne vulnérable qui s’est sentie véritablement menacée », estime la substitut Lola Ajavon qui réclame 13 mois d’emprisonnement et un mandat de dépôt.
L’avocat Me Stéphane Rapin plaide la relaxe : « Si c’est ça une extorsion alors il faudra poursuivre tous les cabinets de recouvrement. Il n’y a pas eu de violence ni de contrainte. Son casier justifie la comparution immédiate, mais pas les poursuites retenues à son encontre. »
Le tribunal a reconnu Lénace coupable et lui a infligé neuf mois ferme, mais sans incarcération immédiate.

La Nouvelle République

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