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UN JOUR AU PALAIS. Toutes les semaines, “l’Obs” s’assied sur le banc d’une salle d’audience. N’importe où en France. N’importe quel jour. Et peu importe la nature des crimes et délits.

Où : Tribunal de Paris.

Quoi : 23e chambre correctionnelle, section 1, la chambre est chargée de juger les comparutions immédiates.

Quand : Mardi 6 novembre 2018.

Première affaire

L’audience n’a pas débuté depuis quinze minutes que le président du tribunal, magistrat chevronné ayant laissé sa canne derrière lui en entrant dans la salle, semble déjà exaspéré. Le programme de l’après-midi est des plus chargés, une quinzaine d’affaires à juger d’ici à ce soir. Et pourtant, dès le deuxième dossier, les débats sont encalminés. Un imbroglio sur l’identité des prévenus. Les traits chiffonnés, de taille moyenne, le corps emmitouflé dans un gros blouson en velours beige, Abdelhamid* doit être jugé pour un vol en réunion, une valise dérobée dans un véhicule à Paris. Mais il est tout seul dans le box des accusés.

“Et Nacer*, il est où Nacer ?”, s’interroge le président.

– “Nacer, c’est le soi-disant mineur”, lui souffle l’avocat d’Abdelhamid, l’air de douter de l’âge réel du comparse présumé de son client.

“Mais je croyais que c’était votre client le mineur !, s’étonne le magistrat, relevant ses lunettes sur son front, approchant les feuillets du dossier au plus près de ses yeux. Moi, je n’ai pas préparé le dossier dans ce sens.

– Au début de la procédure, les policiers ont confondu leurs identités”, explique l’avocat, penaud, comme si c’était lui qui avait commis la faute.

Pas facile de s’y retrouver dans ce dossier. Né à Alger en 1994, arrivé clandestinement en Europe à l’âge de 12 ans, Abdelhamid possède au moins trois alias. En 2015, il a été condamné pour une agression sexuelle. Son nom a été inscrit au fichier des délinquants sexuels mais le président ne retrouve pas la condamnation sur son casier.

[…]

L’Obs

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