Le 17 novembre, c’est la manif des mécontents de tout poil, la coagulation des Français en colère contre Macron. Le Pen et Mélenchon l’ont bien compris, selon Dominique Nora, rédactrice en chef du service économie au Nouvel Observateur.
Les manifestations du 17 novembre marquent une rupture. C’est la manif des mécontents de tout poil, la coagulation des Français en colère, qu’ils soient salariés, indépendants, chômeurs, retraités ou précaires. […]
Marine Le Pen n’ira pas manifester. Mais son Rassemblement national (RN, ex-Front national) tracte massivement, cette semaine, dans les stations-service. […] Jean-Luc Mélenchon lui a emboîté le pas : “Il y a des fachos là-dedans ?” a-t-il clamé en meeting à Pau à propos du mouvement du 17 novembre. “Oui. […] Et il y a aussi beaucoup de fâchés qui ne sont pas des fachos.” Et il a encouragé les gens à ne pas se laisser “détrousser” par le gouvernement. C’est la première fois que Le Pen et Mélenchon appellent “ensemble” à prendre la rue. […]
Ces deux-là sont loin d’être alignés, notamment sur l’immigration, les questions familiales, l’environnement. Reste qu’on voit une véritable complicité poindre dès qu’il s’agit de se liguer contre le pouvoir en place. […] Comme on le voit en Italie, les extrémités droite et gauche du spectre politique deviennent de plus en plus compatibles. La campagne pour les élections européennes de mai prochain se fera clairement selon ces nouvelles fractures. D’un côté les nationalistes/démondialisateurs qui veulent détricoter l’UE. De l’autre les progressistes/multilatéralistes – de droite ou de gauche – qui cherchent à en améliorer le fonctionnement. En France, LREM s’organise pour faire un meilleur score que le RN. Le contraire serait catastrophique pour la suite du quinquennat.