La chancelière est allée vendredi à la rencontre des habitants de cette ville traumatisée par la mort, l’été dernier, d’un Allemand tué par deux réfugiés ainsi que par les manifestations violentes qui avaient répondu à ce drame.
(…) La chancelière répond avec toute la rationalité qui la caractérise: elle condamne le meurtre, dénonce les excès de l’extrême droite, assume sa décision de ne pas fermer les frontières en 2015, défend les mesures prises pour réduire et maîtriser les flux migratoires, promet de mieux faire.
(…) Puis la parole est donnée à la salle. Le micro passe de main en main et les interpellations se font plus dures, plus militantes. «Que faites-vous contre le chaos en Allemagne?» «Pourquoi défendez-vous une société multiculturelle?» «Quand démissionnerez-vous?» «Pourquoi soutenez-vous le pacte sur les migrations?»
Ce texte, adopté par l’ONU et non contraignant juridiquement pour les États, est devenu le nouvel objet de suspicion de la droite radicale. «Beaucoup de choses fausses ont été dites à ce propos», corrige Angela Merkel en tentant de tordre le cou aux rumeurs propagées: ce texte «est dans notre intérêt élémentaire et nous avons toujours le droit de faire nos propres lois», martèle-t-elle. Quant à ceux qui réclament sa chute, la chancelière réplique avec un calme olympien en répétant ce qu’elle a dit en annonçant son départ de la présidence de la CDU: «Je suis disposée à mener mon mandat jusqu’à son terme.»
(…) Mme Merkel a défendu le Pacte mondial des Nations Unies sur les migrations, qui doit être adopté en fin d’année. Ce pacte ne remettra pas en cause, a-t-elle promis, la “souveraineté” des Etats dans ce domaine. “Chacun a le droit de faire ses propres lois” malgré le futur pacte, a assuré Mme Merkel, appelant à ne pas croire “ceux qui répandent la haine”.