En Corse, les carences du suivi d’un détenu radicalisé dénoncées
L’homme, qui a blessé grièvement en janvier deux surveillants, a été mis en examen pour tentative d’assassinat. Des documents révèlent qu’il avait fait l’objet de plusieurs signalements depuis 2014.
L’administration pénitentiaire a-t-elle tenté de dissimuler une attaque à caractère terroriste contre deux de ses agents, le 19 janvier, dans l’enceinte du centre pénitentiaire de Borgo (Haute-Corse) ? Ce jour-là, deux surveillants sont grièvement blessés à coups de couteau avant l’intervention de détenus et d’autres gardiens de prison, qui parviennent à maîtriser Morad Akaouch, 28 ans. Originaire de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) et condamné à huit ans de prison pour le meurtre d’un homme lors d’une rixe d’après-boire en 2012, ce détenu aurait – selon les témoignages recueillis sur place – poignardé les deux fonctionnaires en criant « Allah Akbar ! » à plusieurs reprises après s’être couvert d’un drapeau palestinien.
L’attaque survient huit jours après l’agression de trois surveillants de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) à coups de ciseaux par Christian Ganczarski, un islamiste allemand vétéran du djihad international. Le mouvement de protestation national des gardiens de prison gagne la Corse, jusque-là épargnée. Dans un climat extrêmement tendu, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, accomplit une visite éclair à Borgo – elle y sera huée par les surveillants.
« Signaux forts »
Morad Akaouch, lui, est immédiatement transféré au centre de détention des Baumettes, à Marseille, après avoir été mis en examen pour tentative d’assassinat sans que la qualification d’acte terroriste ne soit retenue « en l’absence de tout élément validant cette hypothèse », indique alors Caroline Tharot, procureure de la République à Bastia. « Il n’y a pas eu de faille », renchérit Patrick Mounaud, le directeur interrégional de l’administration pénitentiaire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse.
Mais, selon nos informations, des documents jettent un jour nouveau sur les événements. Car Morad Akaouch, considéré comme un détenu particulièrement récalcitrant, avait fait l’objet de plusieurs signalements pour une possible radicalisation islamiste dès 2014…
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