Le 22 juillet 2017 et, comme il est d’usage dans les écoles de formation des cadres de l’armée de Terre, la promotion 2016-2019 de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr a reçu le nom d’un parrain de promotion, en l’occurrence celui de « général Loustaunau-Lacau ».
Saint-cyrien, héros des deux guerres mondiales, Résistant, fondateur du réseau « Alliance », déporté à Mauthausen et député à l’Assemblée nationale dans les années 50, Georges Loustaunau-Lacau est une figure militaire dont les faits d’armes – croix de guerre 14-18 avec 5 citations et croix de guerre 1939-1945 avec palme – avaient alors justifié le choix des différentes autorités.
Les éléments récemment portés à la connaissance du chef d’état-major de l’armée de Terre, postérieurement à la décision d’attribution du nom, ont mis en lumière l’activité politique de Georges Loustaunau-Lacau dans les années 30, pendant lesquelles il a notamment animé en 1938 une maison d’édition nationaliste, La Spirale, après avoir été mis à pied de l’armée pour des activités anti-communistes. La Spirale a publié deux revues très critiques dans lesquelles ont paru de nombreux articles anti-communistes, antiallemands et antisémites. Il a lui-même écrit au moins un article en 1938 dans lequel il met en doute la loyauté des Français Juifs.
Il est également l’auteur d’un courrier adressé à l’ambassade d’Allemagne en août 1940 et dans lequel, avec des propos antisémites, il propose ses services aux Allemands. L’appréciation du contexte et de la portée de cet écrit reste à mener, Loustaunau-Lacau ayant fondé le réseau de résistance Alliance trois mois plus tard.
Georges Loustaunau-Lacau a par ailleurs été suspecté d’avoir formé avec son réseau anticommuniste la partie militaire de la mouvance d’extrême droite de la Cagoule, suspicions qui ont donné lieu à un procès à la Libération au terme duquel il a été reconnu innocent et réhabilité. Il a été nommé général la veille de son décès en 1955.
Au bilan, ces récentes révélations ont mis en lumière une personnalité contestable, qui, en dépit d’un passé de militaire et de résistant courageux présente plusieurs actes répréhensibles qui ont conduit le chef d’état-major de l’armée de Terre à considérer qu’il n’était pas acceptable qu’une promotion d’officiers-élèves puisse prendre le parcours du général Loustaunau-Lacau comme une référence.
Ainsi, en étroite coordination avec la ministre des armées et le chef d’état-major des armées, il a été décidé de ne plus utiliser ce nom de promotion.
Pour ce faire, un processus a été engagé par l’armée de Terre pour que le nom de cette promotion évolue vers une référence historique incontestable. Cette mesure permettra de nourrir utilement la formation des élèves de cette promotion, dès leur retour de stage à l’étranger. Ceux-ci ne doivent pas être pris en otage de débats historiques qui ne sont pas de leur ressort. Il s’agit donc de concevoir et de mettre en œuvre, avec ces mêmes élèves, un parcours de « mémoire et de vérité » pour les aider à construire le cadre éthique qui devra guider leur vie personnelle et les conditions d’exercice de leur futur métier d’officier.
Enfin, et pour s’assurer que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir, le processus de désignation des noms de promotion sera entièrement revu ; il sera opérationnel dès 2019.
Le chef d’état-major de l’armée de Terre est pleinement conscient de la gravité de ce sujet. Il était essentiel d’agir pour le bien des élèves en formation et pour celui de l’institution militaire dans son ensemble. Le processus mené le sera de manière sereine, précise et ordonnée : nous le devons à la jeunesse que nous formons.
(Merci à Mahtfrid)
Georges Loustaunau-Lacau, né à Pau, le 17 avril 1894 et mort à Paris, le 11 février 1955 (à 60 ans) est un militaire de carrière, homme politique et résistant français.
Georges Loustaunau-Lacau | ||
Affaibli et émacié après sa déportation au camp de Mauthausen, Georges Loustaunau-Lacau témoigne au procès de Philippe Pétain en 1945. |
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Surnom | Navarre | |
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Naissance | Pau, France |
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Décès | (à 60 ans) Paris, France |
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Origine | France | |
Allégeance | Armée française | |
Arme | Infanterie | |
Grade | Général d’infanterie | |
Commandement | Fondateur et chef du réseau de résistance Alliance | |
Conflits | Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale | |
Faits d’armes | Arrêté en 1943, torturé et déporté à Mauthausen | |
Hommages | Commandeur de la Légion d’honneur (1952) Croix de guerre 1914-1918avec palmes |
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Autres fonctions | Journaliste et directeur de publication entre 1938 et 1939, reprend du service en septembre 1939, homme politique après la Seconde Guerre mondiale | |
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Georges Loustaunau-Lacau | |
Fonctions | |
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Député 1951–1955 |
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Gouvernement | IVe république |
Groupe politique | Français indépendants |
Biographie | |
Nom de naissance | Georges Augustin Anselme Loustaunau-Lacau |
Date de naissance | |
Date de décès | |
Père | Jean Loustaunau-Lacau |
Mère | Marie Larrecq |
Résidence | Basses-Pyrénées |
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Georges Loustaunau-Lacau, né à Pau, le et mort à Paris, le (à 60 ans) est un militaire de carrière, homme politique et résistant français.
Sommaire
Militaire de carrière, 1912-1938[modifier | modifier le code]
Georges Loustaunau-Lacau naît à Pau où son père, sergent-major, est en garnison. Sa mère est institutrice libreNote 1. Ce Béarnais fait ses études secondaires au lycée de Pau. Bachelier ès-sciences, il prépare le concours d’entrée à Saint-Cyr dans un lycée bordelais1, entre à Saint-Cyr en 1912 et fait partie de la célèbre promotion de Montmirail (1912-1914)Note 2.
Lors de la mobilisation en août 1914, sous-lieutenant, il est affecté comme officier de liaison au 332e régiment d’infanterie 2. Promu lieutenant en juillet 1915 puis capitaine en juin 1916, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1917 en tant que « commandant d’une compagnie de mitrailleuses, d’une bravoure remarquable ». Blessé légèrement d’un éclat d’obus en février 1918, il est nommé en juin au centre d’instruction des officiers américains. Il est décoré de la croix de guerre avec palmes (trois palmes, une étoile)Note 3. Il évoque dans ses mémoires son père et son frère, tués durant la guerre : ils sont en 1917 tous trois capitaines et portent dix citations à eux trois3.
Après la guerre, il sert en Allemagne, à Cologne, travaillant pour la commission du Rhin, puis il rejoint en 1922 l’École de guerre, où il est le condisciple de Charles de Gaulle. Il en sort en 1924 major de promotion. Il est affecté à Wiesbaden, puis au Maroc lors de la Guerre du Rif ; il sert au 3e bureau de l’état-major du général Naulin et côtoie Lyautey. Il sert ensuite à l’état-major général à Paris, de 1926 à 1929. Sa mission consiste à étudier l’évolution de l’infanterie allemande pour le 2e bureau4. Il est affecté à la mission française auprès de l’armée grecque, est promu chef de bataillon en décembre 19315, et obtient durant deux ans le commandement du 24e bataillon de chasseurs alpins, ce qui lui vaut d’être promu officier de la Légion d’honneur en 1933. Il est affecté l’année suivante, en octobre, au cabinet du maréchal Pétain, alors ministre de la Guerre. Il le suit en mars 1935 au Conseil supérieur de la guerre, boulevard des Invalides. Il succède auprès de Pétain à de Gaulle au poste d’écrivain d’État-Major6.
L’activiste anticommuniste, 1936-1939[modifier | modifier le code]
Il est l’initiateur à la fin de 1936 d’un service de renseignement anticommuniste dans l’armée, les réseaux Corvignolles. Réseaux considérés, faussement semble-t-il, comme le pendant militaire de la Cagoule. En l’absence d’archives, toutes vraisemblablement détruites lors de la découverte du réseau Corvignolles en , les seuls renseignements précis dont on dispose sont ceux issus de ses mémoires et des dépositions de Georges Loustaunau-Lacau lui-même7. Dans le procès-verbal de son audition du avec le juge Robert Lévy, Loustaunau-Lacau explique : « Le but de Corvignolles était de détecter les cellules communistes qui pouvaient se former dans l’armée. Une fois cette détection faite, la cellule en question était signalée à l’autorité compétente qui la dissolvait en dispersant ses membres en différents corps. En dix-huit mois, il y a eu 150 à 200 dissolutions de ce genre. […] [Le] travail de Corvignolles était connu du ministre de la Guerre (Daladier) [et] du général Gamelin […]8 »
Suite à la découverte du réseau du fait des révélations livrées par un officier de réserve nancéien, Léon Hanus9,10, Loustaunau-Lacau est sanctionné sur l’ordre du ministre de la guerre Édouard Daladier ; il est placé en position de non-activité le 11,12 par sa hiérarchie13,14.
Dans ses mémoires, il affirme avoir rencontré plusieurs chefs des nationaux, dont de La Rocque, chef du Parti social français, le royaliste Charles Maurras, Jacques Doriot du PPF et Louis Marin, président de la Fédération républicaine, après avoir été chassé de l’armée, dans l’espoir de trouver une tribune pour ses idées15. En fait, il tente de mettre en place une coalition des droites face au communisme. Une polémique sur ce projet l’oppose à La Rocque, qu’il dit détester dans ses mémoiresNote 4. Ce dernier l’accuse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale d’avoir cherché à renverser la République, selon Loustaunau-Lacau. Leurs versions de leurs contacts divergent, sur la date (avril 1937 selon La Rocque ou 1938 selon Loustaunau-Lacau) et sur la finalité du projet d’union des droites ; leur divergence porte sur la légalité ou l’illégalité du plan de Loustaunau-Lacau. Au juge Lévy, ce dernier déclare après la guerre : « J’ai eu une seule conversation avec La Rocque en juin ou juillet 1938. Je lui ai proposé de regrouper les partis nationaux sur le plan politique, mais sans sortir de la légalité ». La Rocque prétend dans ses carnets de captivité écrits sous l’Occupation, et après guerre, que Loustaunau-Lacau, alors en service actif auprès du maréchal Pétain, l’a rencontré avec le capitaine Bonhomme (officier d’ordonnance de Pétain, membre de Corvignolles selon Loustaunau-Lacau) pour lui proposer de mettre le PSF au service d’une prise de pouvoir des nationaux unis et dirigés par un chef militaire. Il reste de ces tractations un document nommant les chefs éventuels d’un comité exécutif imaginé par Loustaunau-Lacau. Il serait formé de La Rocque, Marin, Doriot, un représentant de l’Action française (désigné par Maurras), Henry Lémery et Pierre Mathé. Un chef unique n’est pas prévu, car ce n’est pas souhaitable selon Loustaunau-Lacau, dans la mesure où cela renforcerait le Front populaire et parce qu’un tel chef n’existe pas. Seul un chef militaire pourrait s’imposer : Pétain, le maréchal Franchet d’Espèrey – ces deux maréchaux doivent être tenus en réserve selon le texte – ou le général Maxime Weygand, qui refuse de prendre la tête d’une coalition. Franchet d’Espèrey, qui par ailleurs finance les activités clandestines de Loustaunau-Lacau, pourrait être l’arbitre en cas de conflits entre les chefs des droites. Les noms cités n’impliquent pas qu’ils aient été au courant de ce plan ou/et qu’ils aient donné leur accord16,17.
Avec, selon ses mémoires, le reliquat de l’argent versé par le maréchal Franchet d’Espèrey et après avoir constaté que ses contacts avec les directeurs de journaux et avec les chefs nationaux ne mènent nulle part, il fonde en 1938 deux revues mensuelles, « Barrage, spécialisée dans la lutte contre le communisme subversif et Notre prestige, spécialisée dans les problèmes de politique extérieure et plus particulièrement dans la lutte contre les menées hitlériennes »18. La première apparaît en fait en novembre 1937, sous la forme d’une revue anonyme et sous la direction d’une agence Barrage située à Neuilly19. Elle entend en effet fournir une documentation prouvant les manœuvres du PCF, sans doute grâce aux informations plus ou moins fiables des agents de Corvignolles. La seconde est également publiée depuis la fin de l’année 1937, par la société d’éditions Le Dôme, sous une forme plus luxueuse que la précédente, avec des articles signés. Elle n’a que mille abonnés début 1938 et fait valoir le soutien des maréchaux Pétain et Franchet d’Espèrey, du cardinal Alfred Baudrillart et de Jacques Bardoux. La signature de Jean Rivière, que Loustaunau-Lacau utilisait pour ses articles du Figaro en 1937, apparaît encore, pour des articles portant sur des questions militaires20,21,22. Ces deux revues sont ensuite achetées en mai 1938 par une maison d’éditions appelée la Société d’études et de diffusion La Spirale, issue de la transformation de la société d’éditions Le Dôme23,24. Loustaunau-Lacau en est le directeur sous le pseudonyme de Navarre25,26. Il a pour ambition « la destruction du communisme, doctrine internationale, la dissolution du parti communiste, d’obédience étrangère, la protection des forces armées (…) d’une part contre les propagandes subversives et la contagion communiste, d’autre part contre l’espionnage, la revalorisation des forces morales et spirituelles de la nation »27.
Un numéro de Notre Prestige alerte en effet sur le danger allemandNote 5, avec notamment un article du député Louis Marin28 et un autre de Navarre alias Loustaunau-Lacau29. Son article dénonce à la fois le danger allemand et la menace soviétique : « L’URSS et l’Allemagne sont les seules nations dont les actes mettent en danger la paix européenne », la première par la propagande communiste, et la seconde avec son armée et ses ambitions territoriales. Devant le « danger mortel qui les menace », il espère que l’Angleterre et la France « chercheront à détruire la monstrueuse puissance d’Hitler ». D’autres articles en revanche n’évoquent pas l’Allemagne ; ils se préoccupent d’autres pays, de l’empire colonial, de l’automobile30 ou du communisme. Un article se réjouit ainsi de la rupture du pacte franco-soviétique31. Hubert Bourgin y publie un article anticommuniste et antisémite dans le numéro de septembre 193832.
Ce dernier collabore à une association fondée et dirigée par Loustaunau-Lacau, l’Union militaire française, déclarée en juin 1938Note 6,Note 7,33. Son association, qu’il appelle aussi le« mouvement spiralien », comporte un groupe parisien (« spirale centrale ou spirale de Paris », qu’il préside), des groupes locaux (« spirales de lieu », en Algérie, en Tunisie, à Lyon, Tours, Montpellier, Béziers, Metz et Brest), des groupes spécialisés (« spirale d’objet », comme le « cercle des études objectives »). Les membres cités sont pour l’essentiel des avocats et/ou officiers (capitaines et commandants), de réserve ou en retraite. Un général en retraite (depuis 1928) préside la spirale de la région parisienne : le général de division Paul Lavigne-Delville, qui a collaboré au quotidien royaliste L’Action française (de 1928 à 1932), fréquente les milieux nationauxNote 8 et est soupçonné d’avoir appartenu à la CagouleNote 9,34,35,36.
La crise de septembre 1938 qui débouche sur les Accords de Munich l’amène à fusionner ses revues et à faire paraître à partir de novembre 1938 L’Ordre national37,38, et à signer avec le Parti populaire français de Jacques Doriot un « pacte anticommuniste »39,40. Un texte publié dans Barrage, signé de Loustaunau-Lacau et de Doriot, appelle à détruire le communisme et cite à la fois l’Allemagne et l’URSS : « Si cette guerre avait eu lieu, elle aurait eu pour causes: d’une part la volonté hitlérienne d’assurer l’hégémonie allemande sur l’Europe, d’autre part la volonté de Staline de déclencher la révolution internationale soviétique à l’occasion d’un conflit européen. Pour des motifs différents, Hitler et Staline poursuivaient le même but. En France, c’est le parti communiste qui, tout en sabotant la défense nationale, a mis en œuvre les décisions de Moscou »41. Alors qu’une partie de l’état-major de Doriot quitte le PPF après Munich, Loustaunau-Lacau apparaît lors de meetings de ce parti début 1939, à Paris et en province, pour réclamer la dissolution du parti communiste français42,43.
En outre, le désordre politique et social et le désordre des esprits l’amènent à préciser les objectifs et les missions de son Union militaire française dans un texte à la fois fumeux et verbeux[réf. nécessaire] publié dans Barrage, ainsi qu’à se présenter à ses lecteurs ; il leur apprend qu’il a « de sa propre initiative monté un réseau de surveillance des casernes et de protection des troupes contre la propagande communiste »44. Son association est interdite aux francs-maçons et aux Juifs45. Un antisémitisme apparaît en effet dans son texte, pour la première foisNote 10, couplé à une xénophobie certaineNote 11. L’antisémitisme est plus virulent dans les colonnes de L’Ordre national, avec des articles d’Hubert Bourgin et de Loustaunau-Lacau. Ce dernier concède qu’il est « inhumain et d’ailleurs contraire à la charité publique de mépriser (les Juifs), de les haïr, de les parquer, de les persécuter », mais il affirme qu’ils se rendent « odieux », les compare à un « cancer », propose de les exclure du gouvernement de la France, d’interdire toute naturalisation de Juifs et de réviser les naturalisations depuis 191846. Il s’en prend aussi aux politiciens, aux capitalistes apatrides et aux communistes. Il exalte l’empire colonial – sans pour autant donner crédit au slogan impérial de la « France aux cent millions d’habitants » car il entend distinguer la métropole des colonies – , estime que « la constitution qui régit nos mœurs politiques est caduque »47 et que le « rétablissement de l’ordre national » devrait venir d’un chef militaire mais comprend que leur mission leur impose un devoir de réserve. Il affirme enfin que la France doit « éviter les coups d’état »48.
Il fonde fin 1938 l’Association de défense de la nation, qui entend obtenir l’interdiction du Parti communiste en France, et trouve pour cet objectif le soutien de députés comme René Dommange et Jean Montigny49,50,51,52. C’est un juge de paix qui est finalement saisi ; Géo London, dans Le Journal, donne un article amusant sur l’échec du jugement, les avocats du PCF ayant fait défaut53. La presse socialiste et communiste s’intéresse en tout cas à lui et signale sa véritable identité cachée sous le pseudonyme de Navarre, en le présentant comme un ancien de la Cagoule54,55.
Dans le même temps, il est en relation avec des activistes anticommunistes suisses comme Jean-Marie Musy, pour la diffusion en France du film anticommuniste La Peste rouge, et participe en février 1939 à Genève à une réunion internationale de l’Entente internationale anticommuniste de Théodore Aubert 56.
Fin mars 1939, il célèbre l’Espagne de Franco lors d’un meeting parisien de son « Mouvement de l’Ordre national », présidé par Abel Bonnard, aux côtés du colonel Prosper Josse (président de l’Association des décorés de la Légion d’honneur au péril de leur vie), de Paul Chack, Charles Trochu, François Duhourcau, en présence d’un représentant du nouvel ambassadeur d’Espagne désigné par Franco. Loustaunau-Lacau loue Pétain, désigné ambassadeur en Espagne, se déclare d’accord avec l’union des Français demandée par Daladier, mais en exclut les Juifs et les communistes, et espère une nouvelle République57,58,59,60. En juin, il devient le délégué général de la Ligue des patriotes reconstituéeNote 12,61,62.
La Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]
La bataille de France[modifier | modifier le code]
Il est réintégré dans l’armée en 63 puis arrêté au front, le , sur ordre de Daladier, président du Conseil, car il s’en est pris au ministre des transports Anatole de Monzie, qu’il accusait d’intelligence avec l’ennemi64. Il est emprisonné à la forteresse de Mutzig près d’Obernai.
Il est libéré le jour de la Pentecôte 1940, grâce à quelques appuis — dont celui du colonel Groussard, commandant en second de Saint-Cyr en 1940. Il prend alors part à la bataille de France dans le secteur de Verdun et revendique la destruction de 22 chars ennemis par les troupes disparates sous ses ordres le , jour où il est commotionné puis grièvement blessé et fait prisonnier. Soigné à Châlons-sur-Marne, il parvient, par un coup de bluff, à se faire libérer en . Mais cela accrédite des rumeurs selon lesquelles il serait un agent allemand65.
Vichy, le double jeu et la résistance[modifier | modifier le code]
Il poursuit à partir du 3 septembre à Vichy ses activités de renseignement et d’action souterraine. Il agit alors dans un sens tout à la fois anti-allemand et anticommuniste.
Du fait de ses anciennes relations avec Pétain, en particulier lorsque le maréchal était ambassadeur en Espagne, il est désigné en délégué général de la Légion française des combattants. En même temps, il fonde avec de l’argent versé par Pétain un foyer d’entraide à l’hôtel des sports à Vichy, tenue par son ancienne collaboratrice du temps de la Spirale, Marie-Madeleine Méric, future Marie-Madeleine Fourcade ; il mène de ce lieu des discussions sinon des conspirations66. Il dénonce en novembre un foyer d’opposition démocrate-populaire tandis que Xavier Vallat, qu’il a tenté de faire chanter, le renvoie de la Légion le 13 de ce mois67. Il est en relation avec le colonel Groussard et a commencé à recruter des agents pour un nouveau réseau. Ce sont les prémices du réseau Navarre (son nom de plume) qui, devenu le réseau Alliance, sera plus tard dirigé par Marie-Madeleine Fourcade. Il recrute d’abord parmi les anciens de Corvignolles et de la Spirale, c’est-à-dire au sein de la droite nationaliste et de l’armée. Il est ainsi en contact avec d’anciens cagoulards passés au service de la France libre, Maurice Duclos et Pierre Fourcaud. Il adresse à de Gaulle des messagers, tel Jacques Bridou, frère de Marie-Madeleine Fourcade. Il se vante d’avoir constitué un réseau fort de 20 000 hommes et de moyens financiers, fait état de ses relations privilégiées avec Pétain, propose une alliance avec le Royaume-Uni, offre d’échanger des informations militaires. Selon Fourcaud, Loustaunau-Lacau veut mener une « croisade » contre Hitler et demande aux Britanniques que sa propagande soit assurée par la BBC et par des tracts lâchés par avions. Il a adressé un manifeste mystique de quatre pages qui s’avère être une réflexion sur une résistance spirituelle doublée d’un attentisme respectant Pétain. De Gaulle ne s’intéresse pas à ces projets assez fumeux. Les Britanniques ne donnent pas suite au manifeste68.
Dans ses mémoires, il évoque le financement de son réseau par le maréchal Pétain :
« Malgré Laure, malgré Fernet, je voyais souvent le Maréchal en cachette. Il se doutait bien de ce que nous faisions, mes camarades et moi, et ce n’était pas pour acheter des prunes à l’entr’aide qu’il avait fini par me donner trois cent mille francs, somme énorme à mes yeux. Au fond, je lui apportais « l’air vrai du royaume » et quand je lui disais que « ses dauphins sentaient le crabe », que les Américains fabriquaient des chars de 50 tonnes et des avions de 25, que la Sibérie se couvrait de hauts fourneaux gigantesques, il m’écoutait passionnément69. »
Son activisme tapageur n’est pas du goût de tous les membres du cabinet de Pétain, d’autant que son image se brouille70. Une lettre adressée au docteur Bernard Ménétrel en 1941 se montre claire :
« Le général Laure, par une lettre qu’il a écrite à l’amiral Darlan veut évidemment tuer mon réseau. […] Ce que je voudrais : […] servir en marge de l’Etat et sans engager la responsabilité de qui que ce soit […]. Ce que je veux maintenant, et c’est mon droit, c’est que le Maréchal me dise oui ou zut. Ainsi je serai fixé et je pourrai aller de l’avant. Allez de l’avant pour Loustaunau, c’est :
– faire de la Révolution nationale une vraie révolution
– foutre les Boches à la porte
Ceux qui imaginent autre chose sont des crétins71. »
Après s’être rendu à Lisbonne pour rencontrer un Britannique de l’Intelligence service, il accepte de faire travailler son réseau pour les services britanniques à partir d’72. Son réseau ne prête pas allégeance au général de Gaulle. Dans le même temps, il tente d’agir pour que la France entre dans la guerre. C’est pourquoi il gagne en secret l’Afrique du Nord. Il apparaît donc comme un vichysto-résistant, un maréchaliste revanchard73.
Les arrestations et la déportation[modifier | modifier le code]
Passé en Afrique du Nord pour préparer le soulèvement de l’armée d’Afrique, alors commandée par Weygand74, il est arrêté en pour dissidence sur ordre de celui-ci, car le général n’accepte pas que des officiers complotent pour faire entrer l’AFN aux côtés des Britanniques75. Évadé ou libéré, il écrit à Pétain pour lui exposer ses activités, lui réclamer de l’argent et un poste officiel76. Il est à nouveau arrêté, cette fois à Pau en juillet 194177, sans doute sur l’ordre de l’amiral Darlan78. Il écrit alors au docteur Bernard Ménétrel, un intime de Pétain :
« La police du gouvernement du maréchal Pétain vient de m’arrêter et de m’enfermer à la prison commune de la ville de Pau, ma ville natale. J’en ai vu pas mal dans ma vie, j’ai souffert plus que la moyenne ne souffre mais celui qui m’aurait prédit cela lorsque je courais l’Espagne sous un soleil torride pour le maréchal qui se trouvait en difficulté, ou lorsque au mois d’octobre, je courais le Sud-Ouest pour lui ramener des partisans et asseoir le nouveau régime, oui, celui-là m’aurait bien étonné. (…) Je suis victime d’une lettre de cachet. Soit. On verra à l’instruction de quoi il retourne. Tout cela prouve à quel point de nervosité est arrivé un gouvernement autour duquel monte la désaffection générale, vous le savez comme moi. La vague des portraits est finie. Je n’ai rien demandé au maréchal, ou si peu que cela ne compte pas. Il reconnaît mes services par la prison commune, cela ne lui portera pas bonheur79. »
Il est incarcéré à la maison d’arrêt de Clermont-Ferrand et comparaît en septembre devant le tribunal militaire, aux côtés du commandant Léon Faye et du capitaine André Beaufre : il est condamné à deux ans de prison. En octobre 1942, il croit être libéré mais il est interné à Vals-les-Bains, puis dans un hôtel-prison à Évaux-les-Bains en compagnie de personnalités comme Léon Jouhaux ou Édouard Herriot.
Vichy le livre à la Gestapo le 31 mars 194380 ; il demeure six mois dans les caves du capitaine de la Waffen-SS Hugo Geissler, subit cinquante-quatre interrogatoires81, et condamné à mort, il est déporté en d’abord à Neue Bremm puis, à partir du 16 octobre 1943, à Mauthausen. Dès le 24 octobre, il est envoyé à Wiener Neudorf, dans un camp-usine destiné à la production d’armement82. Il parvient à survivre à l’internement puis à la marche « de la mort » de 11 jours lors de l’effondrement de l’Allemagne nazie83.
Il témoigne de l’extermination des Juifs de Hongrie dans son livre Chiens Maudits :
« À notre gauche, en contrebas, seize mille Juifs hongrois rassemblés sous une immense tente ouverte sont en train de mourir. Ils mourront ou peu s’en faut car ils ne reçoivent pas de nourriture. Chaque demi-heure, une voiture traînée par un cheval étique, charge les cadavres dont le tas, devant la tente ne s’abaisse jamais. Il y a parmi eux des femmes, des enfants, des vieillards. Ils sont vêtus de chiffons et pour la plupart couchés sur la terre, attendant la mort dans une lente agonie. Nous ne pouvons rien pour eux, ils ne peuvent rien pour nous. Le four crématoire brûle sans arrêt […]. Entre le four crématoire et le mur d’enceinte s’élève une pyramide faite de crânes et de tibias roussis, l’odeur est intolérable84. »
L’après-guerre : le député de droite[modifier | modifier le code]
À son retour en France, il est cité dans l’acte d’accusation contre Pétain, qui soupçonne le maréchal et Loustaunau-Lacau d’avoir comploté pour abattre la République. La presse, en outre, confond ses activités clandestines d’avant-guerre avec celles de la Cagoule85. Quant à Pétain, il déclare lors de ses interrogatoires que le commandant est « un esprit brouillon sur l’activité duquel on ne peut pas se fier », un « caractère indiscipliné et turbulent »86.
C’est dans ce contexte qu’il témoigne au procès du maréchal Pétain où il prononce une déclaration fracassante et bien à rebours de l’esprit de l’époque :
« Je ne dois rien au maréchal Pétain, mais je suis écœuré par le spectacle des hommes qui, dans cette enceinte, essaient de refiler à un vieillard presque centenaire l’ardoise de toutes leurs erreurs87. »
Il se mêle ensuite de la création du Parti républicain de la liberté88. En , il est inculpé dans le cadre du procès de la Cagoule. Il bénéficie cependant d’un non-lieu en février ou mars 194889, quelques mois avant le procès de la Cagoule. Il a auparavant été arrêté l’année précédente, le 28 , par l’adjoint du commissaire de police qui l’arrêta en 1941. Il est alors inculpé dans une autre affaire de complot anticommuniste, celle du Plan Bleu. Il passe six mois en prison avant d’être mis en liberté provisoire en décembre. Il nie toute participation à ce complot90,91,92,93,94,95,96,97.
Simon Epstein, dans son ouvrage Un paradoxe français, livre la réflexion suivante à propos de cette incarcération : « Nombre d’antifascistes de 1936, basculés collaborateurs en 1940 mais experts à se faire pardonner en 1944, auront connu une Libération plus paisible que celle qui s’acharna sur ce résistant de la première heure, rescapé de Mauthausen et des « marches de la mort »98 ».
Il adhère à l’Union des intellectuels indépendants, qui fédère épurés et pétainistes99. Il profite de son incarcération pour écrire ses mémoires, qui apparaissent comme un plaidoyer pro domo. Publiées en 1948, elles se terminent par un bilan de ce qu’il ne peut accepter : l’action néfaste des communistes, avant-guerre et depuis la Libération, les erreurs des gouvernements et des chefs militaires depuis 1914, le choix de faire appel en 1940 « à des chefs trop âgés [Pétain et Weygand] dans l’espoir fallacieux que des noms remportent des victoires alors que ce sont les victoires qui font les noms ». Il ne peut accepter « qu’il se soit trouvé un maréchal de France et un généralissime [Pétain et Weygand] pour accepter le principe d’un armistice déshonorant », que « le gouvernement né de la défaite et sa police aient livré par centaines des patriotes à l’ennemi ». Concernant de Gaulle, il lui reproche d’avoir absous Maurice Thorez de sa désertion de 1939 et d’avoir démissionné en 1946, laissant le champ libre aux communistes100. Il dénonce aussi le dirigisme économique. Il en vient à un véritable programme politique et économique : il faut combattre l’étatisme et favoriser l’esprit d’entreprise, éduquer l’homme, restaurer l’autorité, avec un président élu et investi du pouvoir exécutif, et éliminer le « bolchevisme », car « ou le communisme sera mis hors la loi, ou il sera le maitre de la loi ». Il enjoint à la jeunesse de choisir : « Choisissez, mais ne restez pas neutres, ne pratiquez pas l’attentisme qui a conduit le gouvernement de Vichy à la faillite en passant par le crime »101.
Il entame une nouvelle carrière politique et se présente aux élections législatives de 1951 dans les Basses-Pyrénées. Il mène une liste apparentée à celle du MRP Pierre de Chevigné et passe avant le scrutin un accord avec l’ancien député inéligible Jean Ybarnégaray, ancien ministre de Pétain, aux termes duquel il s’engage à provoquer une élection partielle en démissionnant dès que ce dernier serait rééligible. L’épouse de ce-dernier figure en deuxième position sur la liste. Loustaunau-Lacau est le seul élu député de sa liste le 102. Si la presse avait annoncé avant son élection qu’il bénéficiait du soutien de l’U.N.I.R. (acronyme de l’Union des nationaux indépendants et républicains, qui fédère des pétainistes assumés), il est élu comme républicain indépendant, et non sur une liste de l’UNIR103. Il précise d’ailleurs qu’il n’a pas l’intention d’adhérer à un groupe néo-pétainiste, en rendant publique une lettre dans laquelle il affirme qu’il « n’est en effet ni possible ni souhaitable de fonder l’espoir d’un renouveau politique sur la personne du maréchal Pétain. Ce qui sourd de l’esprit de revanche ne saurait animer la pensée politique. Le néo-pétainisme n’est pas viable, parce que la majorité de ce pays tourne le dos aux Darlan et aux Laval, qui ont tourné le dos à la France. Tout ce passé est mort, et s’agissant de construire il n’y a pas lieu de le ressusciter »104.
Pour autant, il se rend à l’île d’Yeu le mois suivant pour assister aux obsèques de Pétain105. Et en 1954, il écrit au Monde pour contester et critiquer le jugement porté sur Pétain par le général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre. « Un portrait aussi remarquable, à (son) sens, par l’adresse du style que par son audace dans l’injustice. Plutarque lui-même n’est pas allé aussi loin »106.
Il siège d’abord au groupe des « Français indépendants », qu’il crée avec Jules Valle et André Liautey107. Il s’apparente ensuite au groupe paysan mené par Paul Antier, se voulant autonome au sein du Centre national des indépendants et paysans, et entre au comité directeur du Parti paysan d’union sociale d’Antier en 1953 108,109,110.
À l’Assemblée nationale, les communistes utilisent encore la Cagoule pour le disqualifier, mais Loustaunau-Lacau ne se laisse pas intimider, comme le montre cet épisode rapporté par Le Monde : « M. Loustaunau-Lacau l’ayant interrompu, M. Grenier l’accuse d’avoir été l’un des dirigeants de la Cagoule. Le député des Basses-Pyrénées proteste, puis lance à M. Grenier : « Vous avez été, à Londres, pendant l’occupation, la coqueluche de la gentry. Chaque fois que vous me parlerez de la Cagoule je vous rappellerai certain manteau de zibeline que vous connaissiez bien ! » (Rires sur de nombreux bancs). Au milieu du bruit, M. Grenier reproche à l’Assemblée de « se délecter de plaisanteries de corps de garde» »111.
Méfiant à l’égard de l’Allemagne, il combat son réarmement et la restauration de sa souveraineté. Il est très hostile à la Communauté européenne de défense. Il fait partie du comité de direction du Comité national de défense et de l’unité de la France et de l’Union française, fondé en 1953 par le député lorrain Pierre André112 pour combattre la CED. Il se prononce pour l’investiture de Pierre Mendès France et approuve les Accords de Genève mettant fin à la guerre d’Indochine.
Cet anticommuniste se rend en Pologne durant la guerre froide à deux reprises, après la mort de Staline, en 1953 et en 1955. Il en rapporte fin 1953 — dans le contexte de l’affrontement au sujet de la CED et du rejet du militarisme allemand113 — des vues sur ce pays que Le Monde publie et que certains estiment être trop tièdes à l’égard de l’URSS114,115,116. Il se défend en affirmant :
« Encore un homme furibond parce que les neuf députés qui ont visité la Pologne [conduits par Daladier] […] n’y ont pas fait des observations conformes aux clichés qu’imposent au public français les « offices de propagande » étrangers, vous savez bien, ces offices qui exercent à Paris une industrie aussi coupable qu’avantageuse et dorée […] La Pologne existe. Elle pourrait n’être qu’un troupeau sous garde soviétique, atterré par ses malheurs, incapable de se reforger une âme, et c’est une nation. Cette nation, en dépit des terribles difficultés à quoi elle a dû faire face depuis 1945 — et qu’aucune autre nation n’a connues au même degré —, a eu le courage de relever ses ruines et d’affronter un nouveau destin. […] M. Czapski a l’air de supposer que je ne suis plus anticommuniste parce que j’ai dit ce que j’ai vu en Pologne. C’est exactement le contraire. Je sais mieux maintenant en quoi je le suis et comment il faut l’être. Je me refuse à croire avec M. Foster Dulles — mais le croit-il ? — que l’U.R.S.S. meurt de faim, qu’on y travaille de travers, que tout ce monde-là va s’effriter parce qu’il ne peut plus vivre. […] Il est puéril de s’en tenir à des thèmes de propagande périmés, et qui seraient autrement efficaces s’ils disaient simplement la vérité : le monde occidental n’est pas à la page, la France en particulier117. »
En 1955, il prend part à un congrès à Varsovie sur « la solution pacifique du problème allemand ». Il déclare que « pour la première fois, […] des hommes délégués de dix-sept nations libres, contrôlées ou occupées ont pu envisager, sans faire preuve d’un optimisme excessif, la construction d’une Europe conçue non dans ses morceaux, mais dans son ensemble, non de Washington, mais à Paris, et dégagée aussi bien de l’emprise anglo-saxonne que de celle du communisme. Les conversations […] ont largement justifié une telle espérance, parce qu’elles ont clarifié la position soviétique en face du problème allemand ». Il est en effet partisan d’une négociation avec l’URSS dans la mesure où la paix lui apparaît comme « le bien suprême » puisque l’Union soviétique s’est dotée de l’arme atomique et que Staline est mort118.
Il est fait commandeur de la Légion d’honneur en 1952 et promu général du cadre de réserve en 1955, alors qu’il n’a pas été colonel. Il s’en réjouit et explique que ce n’est que juste réparation : exclu de l’armée par Daladier en 1938 lors de l’affaire de la Cagoule, ce-dernier aurait depuis reconnu son « erreur ». « Loin d’être cagoulard, dit-il, c’est moi qui ai fait sortir trente officiers généraux de l’organisation de Deloncle. Mais il fallait une tête ». Daladier aurait écrit selon lui il y a deux ans environ à René Pleven pour lui recommander une réparation119.
Il meurt à Paris le , le jour de la parution au Journal officiel de sa nomination au grade de général. Ses obsèques sont célébrées aux Invalides en présence de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le maréchal Juin, les généraux Guillaume, Marie-Pierre Kœnig, Chassaing, Ganeval, de Larminat, de Monsabert, Monclar, et plusieurs figures de la IVe République comme Gaston Palewski, vice-président de l’Assemblée nationale, Emmanuel Temple, Maurice Bourgès-Maunoury, André Bettencourt, Antier, Louis Jacquinot (ancien du réseau Alliance) et plusieurs dizaines de parlementaires de divers groupes. Après la messe, une prise d’armes s’est déroulée dans la cour d’honneur ; le général Imbert, camarade de promotion du défunt, le général de Monsabert, député des Basses-Pyrénées, et Paul Bernard (ancien du réseau Alliance), ont pris la parole120.
En son honneur, la 203e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (2016-2019) porte son nom. Toutefois, en novembre 2018, l’armée de terre décide de renommer cette promotion, en raison de certains aspects controversés du passé de Loustaunau-Lacau (notamment l’antisémitisme). Son porte-parole annonce en effet : « Le chef d’état-major des armées et l’armée de terre, en concertation avec la ministre des Armées, ont décidé de ne plus utiliser ce nom de promotion. Il sera engagé avec les élèves de la promotion concernée un «parcours de mémoire» au terme duquel un nouveau nom de parrain sera choisi »121.