Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », observe qu’entre sa volonté d’écouter les Français et celle de maintenir le cap des réformes, le chef de l’Etat est confronté à une équation difficile. Dans six mois, en mai 2019, la France vote pour les élections européennes. Le scrutin qui se déroule à la proportionnelle à un tour est réputé propice aux coups de grisou.
« Pour M. Macron, le risque est que la colère des ‘gilets jaunes’ serve de carburants aux extrêmes ».
Pour Emmanuel Macron, la France des « gilets jaunes », celle qui est apparue samedi 17 novembre sur les écrans de télévision à l’occasion des blocages routiers, est électoralement perdue.[…]
Le pire scénario pour le pouvoir serait que ces électeurs qui, pour partie s’abstiennent, choisissent, cette fois, de mettre un bulletin dans l’urne pour le sanctionner. L’étendard « progressiste » brandi par le chef de l’Etat en prendrait alors un sérieux coup et toute la fin du quinquennat s’en trouverait affectée.
Pour éteindre l’incendie, le plus efficace serait d’étaler dans le temps la montée en puissance de la fiscalité carbone. Mais outre qu’Emmanuel Macron refuse de ressembler à ses prédécesseurs qui, à chaque conflit grave, ont reculé, il doit impérativement conserver ses propres électeurs qui ont un profil très typé : urbains, diplômés, bien intégrés dans la mondialisation, ils sont en quelque sorte les représentants de l’autre France. […]