Il est l’anti-Jawad. Plus discret et posé, il fait beaucoup moins de vague à l’audience et garde souvent sa tête baissée, ou son visage caché derrière une écharpe. Youssef Aït Boulahcen, le co-prévenu de Jawad Bendaoud est interrogé jeudi 22 novembre devant la cour d’appel de Paris. En première instance, il avait été condamné à 5 ans de prison, dont un avec sursis, pour non dénonciation de crime terroriste. Le procureur l’avait présenté comme “le profil de loin le plus inquiétant” dans ce dossier, “celui qui fait froid dans le dos”. Youssef Aït Boulahcen, au casier judiciaire vierge, s’exprime clairement sans s’emporter. “Je suis innocent des faits qui me sont reprochés”, a-t-il posément lancé mercredi, à l’ouverture du procès.
Youssef Aït Boulahcen dit n’être au courant de rien
Il promet qu’il n’était pas au courant de la présence en France de son cousin, Abdelhamid Abaoud, cerveau des attentats du 13-Novembre, au lendemain de l’attaque, ni de ses projets d’attentats futurs à La Défense, ni même que sa sœur, Hasna, instable psychologiquement selon lui l’hébergeait dans un squat de Saint-Denis.
Beaucoup d’éléments dans le dossier jouent toutefois en sa défaveur : notamment ses 37 coups de fil échangés avec cette dernière avant qu’elle ne meure comme les deux terroristes dans l’assaut du Raid. “Il est évident que lui savait qui était là, déclare Me Gérard Chemla qui représente neuf parties civiles. Il a essayé de l’aider et ne l’a pas dénoncé.”
C’est un type intelligent, cultivé et très clairement du côté d’Abaoud pour des raisons idéologiques. Pas aux côtés physiquement car il n’a pas pu le rejoindre mais aux côté dans la détermination. Quand sa sœur lui téléphone pour lui dire “il y a le cousin dans le bois” et qu’il faut venir l’aider, il n’hésite pas une demi-seconde. Me Gérard Chemla, avocat de neuf parties civiles
L’avocat poursuit en précisant qu’avant de se présenter à la police “quelques heures après la mort de sa sœur”, Youssef Aït Boulahcen “va nettoyer son téléphone, jeter les puces et essayer d’effacer les traces”.