FIGAROVOX.- Votre livre «Délivrez-nous du bien», évoque le titre L’empire du Bien de Muray. Est-ce voulu?
Natacha POLONY.- Totalement. Philippe Muray faisait de l’anticipation mais aujourd’hui, tout ce qu’il décrivait prend vie. C’est un étonnant cauchemar.
Comme dans les récits de Philippe Muray, des gens qui se croyaient jusqu’à présent à peu près corrects, dans les clous, pas des héros mais des gens bien, se retrouvent mis en accusation pour une blague, une attitude… Vous ne considérez pas que la France impose un racisme d’État? Vous êtes un blanc dominant aux réflexes postcoloniaux. Vous mangez de la viande? Vous êtes un nazi. Vous plaisantez sur les femmes battues? Vous êtes viré du service public audiovisuel… Ce qui nous a rassemblés, Jean-Michel Quatrepoint et moi-même, est ce constat d’une nouvelle forme d’oppression utilisant la culpabilisation des citoyens. Les restrictions de nos libertés se multiplient mais, comme c’est au nom d’une «juste cause», on doit l’accepter. Résister devient extrêmement délicat et difficile.
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