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Jérôme Fenoglio (Directeur du “Monde”) estime dans son éditorial que la crise des Gilets jaunes est le “point de bascule du quinquennat”.

Un mélange continu d’arrogance et de provocation verbale a achevé de refermer le piège actuel. Il sera difficile d’en sortir sans amender en profondeur un mode de gouvernance qui n’a pour l’heure en rien interrompu le cycle délétère des détestations successives des présidents en place. Cette réforme-là est la plus exigeante de toutes : elle commence par soi-même pour parvenir enfin à convaincre les autres.

Les violences commises à Paris, et dans d’autres villes de France, samedi 1er décembre, sont, à tous les sens du terme, inqualifiables. […] A la radicalisation indéniable d’une partie des « gilets jaunes », qui empêche de distinguer clairement les casseurs des manifestants, se sont visiblement agrégés, entre autres groupuscules, des éléments de l’extrême droite et de l’extrême gauche. […]

De fait, un seul dénominateur commun ressort de ces désordres : leur cible, le président de la République. En une année et demie, le quinquennat d’Emmanuel Macron aura atteint son point de bascule, son élan initial rattrapé par deux mouvements différents qui l’entravent désormais. […]

De fait, à la lumière de la crise actuelle, tous les principes qui avaient fait le succès de la campagne du candidat Macron se sont retournés pour faire apparaître la fragilité du président. L’opération commando d’alors n’est plus qu’une solitude accompagnée par une poignée de fidèles placés aux postes-clés. La page blanche sur laquelle devaient s’écrire les réformes est devenue une scène désertée que le parti présidentiel ne parvient pas à occuper. […]

Le Monde

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