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Gérard Courtois, éditorialiste politique au « Monde » : Emmanuel Macron fait l’objet d’un rejet violent et spectaculaire. D’abord, il a concentré entre ses mains, plus encore que ses prédécesseurs, tout le pouvoir exécutif. Il est monté en première ligne lors de toutes les réformes engagées depuis son élection et a relégué le premier ministre, Edouard Philippe, et les ministres dans un rôle d’exécutants.

Il était donc inévitable qu’il concentre sur lui toute la colère qui s’exprime aujourd’hui et qui vise, bien au-delà des prix de l’essence, l’ensemble de la politique économique et sociale qu’il a engagée. Il paye notamment deux mesures prises dès l’été 2017 et qui sont devenues des marqueurs indélébiles du macronisme: la suppression partielle de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui en a fait « le président des riches », et la baisse de cinq euros des aides au logement (APL) qui a été perçue comme une marque d’ignorance ou de mépris quant aux difficultés des Français modestes.

Enfin, il paye cash son attitude depuis dix-huit mois et ses petites phrases à l’emporte-pièce, qui ont peu à peu construit l’image d’un président arrogant et ignorant les difficultés de millions de Français. […] Le problème du gouvernement (et cela a été le cas de la plupart des gouvernements confrontés à des crises similaires) est qu’il a gravement sous-estimé, il y a un mois, la nature du mouvement qui démarrait. Cette incompréhension, partagée, il faut bien le dire, par la plupart des responsables politiques, syndicaux et également par les médias, l’a conduit à sous-estimer la menace et à réagir systématiquement avec un ou deux temps de retard.

Ainsi, au lendemain du premier samedi de mobilisation, le 17 novembre, le premier ministre est intervenu à la télévision le dimanche soir pour rappeler, en une dizaine de minutes, que le cap de sa politique était bon. […]

Le Monde

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