Il était donc inévitable qu’il concentre sur lui toute la colère qui s’exprime aujourd’hui et qui vise, bien au-delà des prix de l’essence, l’ensemble de la politique économique et sociale qu’il a engagée. Il paye notamment deux mesures prises dès l’été 2017 et qui sont devenues des marqueurs indélébiles du macronisme: la suppression partielle de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui en a fait « le président des riches », et la baisse de cinq euros des aides au logement (APL) qui a été perçue comme une marque d’ignorance ou de mépris quant aux difficultés des Français modestes.
Enfin, il paye cash son attitude depuis dix-huit mois et ses petites phrases à l’emporte-pièce, qui ont peu à peu construit l’image d’un président arrogant et ignorant les difficultés de millions de Français. […] Le problème du gouvernement (et cela a été le cas de la plupart des gouvernements confrontés à des crises similaires) est qu’il a gravement sous-estimé, il y a un mois, la nature du mouvement qui démarrait. Cette incompréhension, partagée, il faut bien le dire, par la plupart des responsables politiques, syndicaux et également par les médias, l’a conduit à sous-estimer la menace et à réagir systématiquement avec un ou deux temps de retard.
Ainsi, au lendemain du premier samedi de mobilisation, le 17 novembre, le premier ministre est intervenu à la télévision le dimanche soir pour rappeler, en une dizaine de minutes, que le cap de sa politique était bon. […]