La violence déployée lors des manifestations des gilets jaunes et la réponse du gouvernement interrogent. Faut-il qu’un mouvement devienne violent pour atteindre son but ? Erik Neveu, professeur à Sciences-po Rennes, répond […]
Le recul du gouvernement donne-t-il raison aux casseurs ?
C’est une lecture possible. Le paradoxe c’est que, si on regarde le nombre de Gilets jaunes mobilisés en se basant sur les comptes du ministère de l’Intérieur, il est décroissant et il y avait moins de monde à l’acte 3 qu’à l’acte 2 à Paris. Et, effectivement, ce qui a peut-être le plus changé, c’est la gravité des violences. En même temps, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne lecture. Je pense que la durée de la mobilisation, l’attention très importante que lui prêtent les médias et l’angoisse de la convergence avec les routiers, les ambulanciers, les paysans, les infirmières etc., ont joué. […]
Pourquoi la violence des Gilets jaunes ne joue-t-elle pas comme un repoussoir pour les Français, comme elle a pu le faire pour les émeutes en banlieue, par exemple ?
Pour les émeutes de banlieue, n’excluons pas une dimension ethnique – donc du racisme, pour le dire clairement – d’une part… Un mouvement perçu comme celui des immigrés, voire par dérive d’étrangers. S’y est ajouté le fait que c’était un mouvement qui ne parvenait guère à produire un discours clair sur ses revendications. Sans préjuger des effets que pourrait avoir une répétition des violences, le fait que celles des deux week-ends parisiens n’érodent guère le soutien aux Gilets jaunes montre un niveau d’exaspération extra-ordinaire : une part de l’opinion a le sentiment que les gouvernants n’entendent que la violence. […]