Alors que le Pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières vient d’être adopté à Marrakech, des scientifiques se réunissent à Paris pour lancer un comité international d’experts sur les migrations et l’asile, à l’image du Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Alors que le président de la Conférence onusienne de Marrakech vient de faire adopter le Pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, des scientifiques se réuniront ce lundi 10 décembre 2018 au Collège de France, à Paris, dans le but de créer un Giec des migrations.
Le Giec, c’est ce groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, l’organisme scientifique qui fait autorité en matière de changement climatique. Début octobre, il a publié LE rapport qui met en évidence les lourdes conséquences d’une augmentation des températures au-delà de 1,5 ° C.
Un parallèle entre migration et changement climatique
Ce type d’organisme scientifique, qui recueille un consensus décisif du fait d’une très large participation d’experts, fait cruellement défaut en matière de migrations. Pourtant les parallèles entre les deux phénomènes, migration et climat, sont évidents. L’un est déjà, sera encore plus la conséquence de l’autre.
« Le climat est aujourd’hui un des premiers facteurs de migrations, surtout en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et du Sud Est, rappelle le chercheur François Gemenne, membre du Giec et spécialiste des géopolitiques environnementales et migratoires. Les facteurs climatiques se mêlent aux facteurs politiques et économiques pour expliquer les départs des pays d’origine. 25 millions de personnes sont déplacées chaque année à cause des catastrophes naturelles. »
Un Giec nécessaire face à la désinformation
Le Pacte des migrations, critiqué par les défenseurs des droits de l’homme pour son manque d’ambition en matière de protection des migrants, a été décrié de manière plus tonitruante ces derniers jours par les populistes, opinons publiques, États ou mouvements d’extrême droite.
Ces voix qui prétendent, à tort, que le Pacte ira contre la volonté des États (alors qu’il n’est pas contraignant pour eux), ont provoqué la défection de nombreux participants à Marrakech. À peine 160 pays ont approuvé le texte ce lundi matin.
Cette campagne de désinformation, qui a donc produit des effets concrets, conforte les scientifiques dans la conviction qu’il faut mettre en place un Giec des migrations : le seul outil capable de recueillir et diffuser des données fiables en la matière.
Objectif : objectiver les discours sur les migrations
Car moult idées fausses circulent. C’est la raison pour laquelle un appel a été lancé fin juin pour la création d’un tel organisme, par trois scientifiques. « La crise de l’asile européen de 2015 a révélé que le manque de préparation, la confusion politique et la désinformation engendrent des réponses politiques inadéquates et extrêmement coûteuses sur le plan humain », déplorent les signataires de l’appel, qui se réunissent aujourd’hui à Paris.
Avec un objectif : réobjectiver les discours sur les migrations, pour contrer les peurs irrationnelles qu’elles suscitent partout dans le monde.