Sur le campus universitaire de Bordeaux Pessac, des étudiantes se mobilisent contre le harcèlement et les violences sexuelles dont elles sont victimes. Début décembre, une enquête pour viol a été ouverte. Une situation vieille de quarante ans, issue d’un cocktail explosif mêlant culture du viol et urbanisme des années 1970, avant tout “pensé pour les hommes”.
Elles marcheront ensemble, ce mercredi à la tombée de la nuit, en signe de protestation. Les étudiantes du campus universitaire de Pessac-Talence-Gradignan, à Bordeaux, se mobilisent depuis quelques jours maintenant pour faire cesser les faits de harcèlement, d’agressions sexuelles et de viols qui ont cours sur leurs lieux d’études. (…)
Le point de départ de ces actions ? Une plainte pour viol, déposée au début du mois de décembre, par une de leur camarade. (…)
Si la colère gronde aujourd’hui, c’est parce que ce drame semble dépasser la simple notion du fait divers. (…) Marion* était étudiante en deuxième année, en 2016, lorsqu’elle a eu la peur de sa vie sur le campus. “Ma résidence se trouvait au sein de la cité universitaire. J’étais en train de rentrer chez moi, vers minuit” raconte-t-elle à LCI. “Au niveau du stade de rugby, une camionnette s’est arrêtée à ma hauteur, un homme en est sorti. Et puis une voiture de police est arrivée en face, alors la camionnette a redémarré en trombe. J’ignore ce qui aurait pu m’arriver. J’ai été suivie de nombreuses fois par des véhicules sur le campus, sifflée, insultée, harcelée… Avant même d’arriver à la fac, on nous prévient des lieux à éviter.” (…)* prénom modifié
Pour Yves Raibaud, géographe du genre à l’initiative de cette étude, le constat est sans appel – et pas très tendre pour la cité universitaire. Car l’origine de cette situation provient selon lui en partie d’un “échec d’urbanisme” : “C’est un campus qui a été construit par les hommes, pour les hommes. Pourtant, il est fréquenté par 60% d’étudiantes. (…) Car s’il y a des situations de harcèlement et d’agressions au sein de l’université, il y a aussi des agresseurs extérieurs au campus, qui savent que beaucoup d’étudiantes étrangères – qui correspondent à leurs fantasmes – sont présentes. Beaucoup tentent leur chance ainsi.” (…)
Suite au dépôt de la plainte pour viol, plusieurs établissements du campus ont en effet décidé de communiquer. Les directeurs (…) dispensent des “conseils de sécurité”, parmi lesquels “ne pas laisser rentrer une personne seule”, “emprunter des chemins éclairés”, “rester concentré et vigilant à son environnement” et “taper à l’avance le 17 sur son portable” (…)