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Il n’y avait pas grand-chose de spontané dans les discours post-attentats de François Hollande, en 2015 et 2016. C’est ce que révèle le dernier numéro de la revue Mot – Les Langages du politique, lequel se penche sur les ressorts de la communication présidentielle en pleine attaque terroriste. Appel au registre de l’émotionnel et à l’unité du pays, utilisation surabondante du futur et de la première personne du singulier pour souligner le « rôle de leader » du chef de l’État.

(…) C’est le grand intérêt de cette étude : avoir eu accès aux messages envoyés à François Hollande par ses conseillers, immédiatement après les attentats de janvier et de novembre 2015 (Paris), et de Nice en juillet 2016. Des messages qui révèlent ce que l’on pouvait aisément imaginer : la tragédie vécue par la nation est vue comme une aubaine à l’Élysée pour redorer le blason présidentiel, qui en a bien besoin.

(…) On apprend ainsi que dès le 7 janvier 2015, jour de l’attentat contre Charlie Hebdo, le président comprend qu’il doit être au centre du jeu. Il est le « leader qui rassure », qui « donne sens aux événements ».

C’est ce que lui suggèrent ses conseillers : « Le PR (président de la République, NDLR), par fonction, garde une place à part. Quelles que soient sa crédibilité perçue et son image du moment, c’est de lui qu’on attend une réassurance », lui disent-ils. Ou encore : « Le PR ne peut que rester en première ligne. Il doit montrer qu’il est aux manettes (…) C’est de lui et personne d’autre que l’on attend des messages d’apaisement. »

« Il ne va quasiment pas dormir et on va le faire savoir systématiquement pour que les gens aient le sentiment qu’on travaille », poursuit un conseiller en communication. Le registre lexical de ses interventions s’en ressent aussitôt.

(…) Il ne s’agit pas seulement de mettre en scène un président en protecteur de la nation, mais aussi de sauvegarder l’unité du pays. Il y a urgence. En janvier 2015, les informations qui remontent à l’Élysée via des sondages, des analyses de la presse et des études d’opinion sont particulièrement inquiétantes. Elles font état de « possibles violences intercommunautaires susceptibles de dégénérer en « guerre civile ». Les renseignements recueillis font penser aux conseillers qu’une partie de la société française pourrait se retourner contre la communauté musulmane.

Le 8 janvier 2015, l’un d’entre eux écrit ainsi au président que « l’émotion initiale n’était pas encore retombée que des propos durs se sont multipliés », notamment la « stigmatisation de l’immigration ». Alors Hollande s’active.

(…) Entre novembre 2015 et janvier 2016, « le patriotisme et l’appel aux armes ont remplacé la défense de la République dans l’imaginaire collectif », affirme la revue. Les conseillers comprennent que ce n’est plus avec des valeurs que les gens veulent se battre. Apparaît alors dans les discours de Hollande une rhétorique de la guerre, une volonté d’en découdre. Le président en appelle à un rassemblement autour du drapeau, qui évoque la formation des troupes, la mise en ordre de marche. Le chef de l’État demande aux Français de pavoiser leurs fenêtres aux couleurs tricolores, une idée brillante.

Toujours dans ce registre guerrier, les appels à l’unité se font plus rares en même temps que les attentes des Français changent. En juillet 2016 – date de l’attentat de Nice –, le ton se durcit encore.

(…) On apprend aujourd’hui, grâce aux chercheurs, que son rôle était surtout symbolique et visait à canaliser les passions néfastes et les énergies parfois contreproductives des Français.

(…) Le Point

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