1. L’ouverture des frontières n’entraînera pas d’invasion
« Plus les frontières sont ouvertes, plus les personnes circulent. Plus on les ferme, plus elles s’installent », affirme Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS. « Une ouverture, ce peut être supprimer les visas pour certains pays ou migrants », ajoute-t-elle. L’invasion tiendrait du fantasme. La libre circulation engendre l’auto-régulation des flux. Elle favorise les allers-retours, sorte de migration pendulaire, et le nomadisme. Aujourd’hui, beaucoup de migrants restent dans leur pays de destination par peur de ne pouvoir y revenir. « Ouvrir les frontières, c’est permettre aux gens de migrer dans des conditions sûres et dignes, et lutter contre les mafias de passeurs », estiment Michel Agier et François Gemenne, anthropologue et politologue. C’est empêcher que la Méditerranée reste un cimetière – 30.000 morts aux portes de l’UE entre 2000 et 2017. Avant 1914, on voyageait sans visas. Et la liberté de circulation est un droit fondamental.
2. Les immigrés ne prennent pas le travail des nationaux
Certains métiers sont fermés aux étrangers : fonction publique (titulaires), professions réglementées. Pour ceux réservés aux Européens, on parle « d’opposabilité de l’emploi ». Les étrangers ne peuvent postuler qu’à des postes pour lesquels il existe un manque avéré de travailleurs. […] Personne n’a jamais démontré le lien entre immigration et chômage accru. Ceux qui travaillent clandestinement ont moins de droits et subissent hélas le « dumping social ».
3. Le développement des pays du Sud ne pourra pas être une alternative
Parier sur l’aide au développement pour juguler les flux migratoires n’est pas judicieux. Les chercheurs sont d’avis que l’aide au développement ne freine pas les migrations, légales ou illégales, voire qu’elle les accélère. Elle est facteur de mobilité accrue, selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). « Avec l’aide au développement, (…) les pays riches se tirent une balle dans le pied », regrette le philosophe Alain Finkielkraut. « Plus urbains, plus diplômés, plus informés, en meilleure santé, les gens du Sud sont comme nous : ils veulent bouger davantage, dit Catherine Wihtol de Wenden. Les politiques se sont trompés parce qu’ils ont raisonné sur la base d’un monde rural. » Cette aide augmente la capacité financière et relationnelle : les populations sont davantage tentées par le départ. Mieux loties, elles sont plus en capacité d’aborder les dépenses liées à la migration.
4. La population européenne en 2050 ne sera pas d’origine africaine à 25%
Contrairement à ce que soutient Stephen Smith dans son livre la Ruée vers l’Europe (Grasset), la population africaine, qui atteindra dans 30 ans 2,5 milliards d’habitants (contre la moitié aujourd’hui), ne va pas se précipiter en Europe. Professeur au Collège de France, le démographe François Héran rejette sa démonstration en matière de migrations subsahariennes. Selon lui, 70% des émigrés africains restent sur leur continent. […]
5. La France n’accueille pas toute la misère du monde
[…] Chaque année, la France accueille 43.000 réfugiés ou bénéficiaires de la protection humanitaire temporaire. Mais aussi des familles et des étudiants. Au total, on compte 250.000 entrées légales par an, pour une population de 66 millions d’habitants. Un chiffre redevenu stable. Historiquement, les politiques anti-immigration drastiques ne constituent pas l’ADN de la France.