Peut-on parler de la naissance de Jésus aux élèves? Leur faire chanter «Il est né le divin enfant»? Installer une crèche au fond de la classe? Telles sont les questions que se posent les enseignants du primaire à Genève, pendant la période de l’avent.
Pour certains maîtres, c’est toute la symbolique chrétienne qui doit être bannie de la classe.
Aucune directive précise n’est fournie par le Canton. Des principes généraux, inscrits dans la brochure «La laïcité à l’école» élaborée en 2016 et distribuée à tous les enseignants, rappellent que «les fêtes qui ponctuent l’année scolaire, les symboles et les rites d’origine chrétienne entrent pleinement dans le cadre de l’enseignement régulier pour autant que leur dimension religieuse soit mise en perspective et expliquée». Voilà qui pencherait plutôt en faveur des figurines du bœuf, de l’âne et des Rois mages, ainsi que des chants de Noël à l’école. Mais il est précisé que ces activités «ne doivent pas porter atteinte aux sentiments religieux des élèves d’autres religions». Que faire, donc? Si dans le canton de Vaud la réponse est claire – chants et sapins autorisés, crèches refusées – ce n’est pas le cas à Genève. En l’absence de consigne interne à leur établissement, les enseignants sont seuls maîtres à bord.
«Dans un contexte multiculturel, s’abstenir de placer une crèche relève du simple respect», estime une enseignante à Carouge. Pour elle, la crèche est «un objet aussi symbolique que le crucifix accroché au mur», toléré en Valais, interdit à Genève. Et de narrer un bricolage de Noël qui avait mal tourné: «Il y a deux ans, j’ai reçu la plainte de parents qui ne voulaient pas que leur enfant, de confession musulmane, représente ce qu’ils considéraient comme une étoile de David, et donc un soutien insidieux à l’État d’Israël. Aujourd’hui, je privilégie les étoiles à cinq branches pour les découpages.» […]