Les populations veulent globalement moins d’immigrés, selon une étude américaine menée sur plusieurs continents. Mais il y a des exceptions marquantes, à l’instar de l’Espagne ou des Etats-Unis.
Avec la montée des populistes en Europe, qui réclament des frontières plus hermétiques et des priorités aux nationaux en matière d’emplois, on pourrait penser qu’une vague d’hostilité à l’immigration déferle sur l’Europe et sur d’autres continents. Or, il y a des exceptions marquantes et des subtilités, selon une étude menée dans 27 pays, sur plusieurs continents, par le Pew Research Center de Washington.
Sur l’ensemble des personnes interrogées, 45% disent vouloir moins d’immigration. Les pays qui manifestent le plus fort rejet sont la Grèce (82%), la Hongrie (72%), l’Italie (71%), Israël (73%) ou l’Argentine (61%).
«Ce sont des pays qui ont été confrontés à des événements aigus, qui ont été très mal gouvernés… et qui en conséquence réagissent de façon très hostile aux migrations», analyse dans l’émission Tout un Monde Antoine Pecoud, professeur de sociologie et spécialiste des politiques internationales en matière de migration, à l’Université de Paris 13.
L’explication de ce rejet de l’immigration peut aussi, dans certains cas, être plus spécifique à un pays, liée à l’histoire, par exemple en Israël. «C’est une société qui a été confrontée à toutes sortes de flux migratoires un peu complexes (…) et en même temps c’est un pays assez inégalitaire. Les pays inégalitaires sont ceux qui cherchent des boucs émissaires, dans l’immigration», selon Antoine Peccoud. […]
Il y a même des pays où une bonne partie de la population se prononce pour davantage d’immigration, par exemple l’Espagne. Un Espagnol sur trois souhaiterait accueillir davantage d’immigrés, une exception en Europe. La correspondante de la RTS en Espagne, Valérie Demon, souligne toutefois qu’il faut «relativiser ce tableau», en raison de «l’irruption d’un parti d’extrême-droite en Espagne, pour la première fois, lors des dernières élections régionales en Andalousie».
«La crise catalane y est pour beaucoup, mais l’immigration entre aussi en jeu. Ce parti a réalisé de très hauts scores dans des villes où l’immigration est élevée. (…) Il faudra voir si cette nouvelle formation continue son ascension, et si elle utilise l’immigration comme arme politique», souligne-t-elle.
Au Japon, 23% de la population demande davantage de migrants, contre 13% qui en voudrait moins, et 58% qui se prononce pour le statu quo. Le pays est très homogène sur le plan culturel, avec une faible histoire de l’immigration… Mais c’est un pays qui vieillit et où les gens font peu d’enfants: l’opinion selon laquelle, tôt ou tard, il faudra avoir recours à l’immigration aurait donc le vent en poupe.