Pour la juriste Mireille Delmas-Marty, le principe d’hospitalité universelle serait la solution pour harmoniser les flux migratoires. À condition de lui donner une force juridique.
Sur le plan du droit international, il existe déjà un certain nombre de principes potentiellement applicables : la liberté d’aller et venir, la solidarité (qui est dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais seulement à propos de la Sécurité sociale), la fraternité (qui a été reconnue comme valeur en France en 2018 par le Conseil constitutionnel ; voir page 33), la dignité et l’égalité. En eux-mêmes, tous ces principes contribuent déjà à créer l’hospitalité, mais ils ne suffisent pas, car ils ne ciblent pas directement les migrations planétaires.
En mai 2018, lors du festival littéraire Étonnants Voyageurs, Mireille Delmas-Marty est allée encore plus loin en lançant avec les écrivains Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris « l’appel de Saint-Malo », exhortant la communauté internationale à reconnaître que « l’urgence est à la construction d’un principe d’hospitalité qui deviendrait opposable aux États » . Dans les cas les plus graves de violations et crimes contre l’humanité, la Cour pénale internationale pourrait être saisie. Sinon, il sera possible d’invoquer le principe d’hospitalité universelle devant un juge européen ou même national, puisque ceux-ci se reconnaissent désormais de plus en plus compétents pour appliquer le droit mondial. […]
Il est donc nécessaire que l’étranger arrivant sur un territoire qui n’est pas le sien ne soit pas traité en ennemi.