Comment « redonner la parole au peuple » en instaurant le « référendum d’initiative citoyenne » (RIC), sans transformer le référendum en une arme à visée populiste ? Éléments de réponse avec des experts.
Difficile, en effet, d’imaginer un référendum portant sur l’abrogation du mariage pour tous ou le rétablissement de la peine de mort pour certains condamnés. Et un RIC installant les gouvernants sur un siège éjectable n’aurait aucun sens.
L’objectif, explique-t-on sur la plateforme de pétitions en ligne change.org, est de permettre au « peuple (100 000 personnes, par exemple) de se poser à lui-même les questions qu’il juge importantes, et ensuite d’y répondre (à la majorité), en décidant effectivement, en passant au-dessus de ses représentants du moment». […] La pétition qu’il propose aurait déjà recueilli près de 230 000 signatures. […]
« La demande des Gilets jaunes traduit un vrai besoin d’expression des citoyens qui ne se sentent plus représentés, essentiellement du fait que les décisions politiques se prennent ailleurs, au niveau européen, des juges, des autorités administratives, etc . Il me paraît sain de réinjecter un peu de démocratie directe dans le système représentatif » explique Bertrand Mathieu, professeur de droit constitutionnel, vice-président de l’Association internationale de droit constitutionnel. […]
Le RIC est aussi la porte ouverte aux dérives populistes. «Le risque de transformer le référendum en plébiscite est réel, prévient François-Henri Briard, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation. La démocratie représentative, c’est la stabilité et la conduite d’actions politiques sur le moyen ou long terme avec la garantie que cette action ne soit pas contrariée par des initiatives populaires successives et désordonnées.» […]