La crise des «gilets jaunes» a mis les syndicats hors jeu. Cela tient d’abord au théâtre de la mobilisation. Elle ne s’est pas déroulée dans les entreprises, là où les syndicalistes ont, en fonction de leur implantation, un rôle à jouer mais sur des lieux de vie, comme des ronds-points, ou dans la rue.
Dans un entretien à Paris Match du 20 décembre, Laurent Berger a confessé que cette situation avait provoqué «beaucoup d’amertume». « Les “gilets jaunes” ont mieux su se faire entendre [que les syndicats], a reconnu le secrétaire général de la CFDT. Mais à quel prix ? Et avec quelles conséquences ? De nombreuses violences ! Le gouvernement doit s’interroger. Il recule aussi parce qu’il y a eu des violences. Moi, je les combats.» Le syndicalisme et le dialogue social ont-ils été les premières victimes de cette crise sociale inédite ?
Attachée depuis vingt ans à promouvoir le dialogue social, l’association Réalités du dialogue social, qui rassemble environ 200 directeurs de ressources humaines de grandes entreprises et des syndicalistes, s’est alarmée, le 14 décembre, de cette prime à la violence :
«Le risque est grand, s’inquiète-t-elle, que se répande l’idée selon laquelle la violence serait le meilleur moyen – voire le seul – pour se faire entendre et arriver à ses fins».
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