Ce n’est pas faute d’avoir porté plainte. Chaque mois, sinon chaque semaine, Djamila se rendait au commissariat, a tel point que la police avait fini par ne plus enregistrer ses plaintes, “ils me disaient qu’ils ne pouvaient rien faire“, se désole la jeune femme, suivie de jour comme de nuit par Benali, qui la harcelait par téléphone et allait jusqu’à l’attendre chez elle en se cachant dans le local à poubelles, pour ensuite taper et écouter à sa porte, en l’insultant jusqu’au milieu de la nuit. “Ta mère, c’est une pute“, dira-t-il en frappant son fils tout en lui crachant au visage. […]
Sur le banc des parties civiles, Djamila, les cheveux retenus dans un voile, fulmine. Tandis que le tribunal compulse le volumineux dossier constitué d’innombrables plaintes et témoignages de voisins, de proches… ainsi qu’une clé USB sur laquelle Djamila a rassemblé des preuves. Plus de 3.000 vidéos filmées avec son téléphone pour témoigner de son harcèlement.
“Pour une relation d’une semaine, un petit égarement, je vis un enfer. Je suis suivie par un psy et j’ai dû changer de travail, alors ça fait des années que j’attends ce jour-là“, dit Djamila en se levant face au tribunal pour enlever, soudain, son voile. “Une femme n’appartient à personne, elle a le droit de faire ce qu’elle veut. Et personne ne me dira de mettre ou d’enlever mon voile”, lance-t-elle à l’adresse du prévenu en libérant ses cheveux. […]
L’expert psychiatre n’a pas noté de trouble psychologique, mais décrit “un manipulateur, rancunier qui s’arroge le droit sur l’autre et se réfugie derrière sa foi“. Et ce n’est pas la première fois. Il a déjà été condamné à 8 mois de prison en 2013, pour des faits similaires. […]
