S’il est un domaine où les Etats membres de l’Union européenne auraient intérêt à coordonner et harmoniser leur politique, c’est bien celui de l’immigration, tant il est sûr qu’en dépit de toutes les actions répressives ou même préventives pour les empêcher, des flux se poursuivront, en provenance d’Afrique surtout, et qu’il vaudrait mieux les réguler collectivement que de les subir en désordre. Or c’est plutôt le chacun pour soi qui domine au sein de l’Union européenne.
Témoin, l’impossible réforme du règlement de Dublin qui prévoit que le pays qui doit examiner la demande de statut de réfugié présentée par un migrant est le premier Etat membre dans lequel il est entré dans l’Union. Cette règle fait reposer sur des pays riverains de la Méditerranée une responsabilité disproportionnée. Au fil des années, la Grèce, l’Italie et l’Espagne en ont le plus directement subi l’impact, tandis que les autres membres de l’Union leur refusent presque toute solidarité en se félicitant silencieusement que la géographie les ait placés loin des rivages méridionaux.
C’est seulement pour tenter de verrouiller les frontières de l’Union que les 28 retrouvent parfois une volonté commune qui se traduit par le fait de confier à un tiers (le gouvernement turc, les pouvoirs de fait libyens…) le soin d’empêcher les migrants d’arriver jusqu’au sol européen. Mais en réalité, cette volonté de se barricader, ce refus d’ouvrir des voies sûres d’immigration, et notamment d’immigration de travail, ne dissuade pas des hommes et des femmes poussés par la guerre ou par la misère de tenter quand même la dangereuse traversée. Avec à la clé des milliers de morts chaque année en Méditerranée.
L’Union Européenne pourrait-elle adopter d’autres politiques? Pourrait-elle réguler les flux migratoires sans trahir ses valeurs, ni mettre en péril la cohésion de ses sociétés ? Les réponses de trois experts européens. […]