Ce mercredi, de nombreuses cérémonies ont été organisées dans tout le pays pour lui rendre hommage. Une plaque commémorative a été dévoilée à l’Université Charles de Prague, où Jan Palach étudiait.
Le 16 janvier 1969 à l’aube, Jan Palach quitte son village de Vsetaty en train pour Prague, à 30 km de là. Dans sa chambre au foyer étudiant, l’étudiant en philosophie à l’Université Charles achève son manifeste revendiquant la levée de la censure et l’interdiction du journal de propagande “Zpravy” (“Nouvelles”), diffusé par les troupes d’occupation soviétiques. À la mi-journée, il achète deux seaux en plastique et demande à un garagiste dans une rue adjacente à la Place Venceslas de lui vendre quatre litres d’essence. Vers 14 heures 30, Jan Palach monte vers le parvis du Musée national, dominant la Place Venceslas, bouillonnante à cette heure-là. Il s’asperge de l’essence et frotte une allumette…
Par son geste, Jan Palach veut dénoncer l’occupation soviétique qui avait écrasé dans le sang en été 1968 le mouvement réformateur du “Printemps de Prague”, et appeler ses concitoyens à ne pas se résigner face au nouveau régime, dur et inconditionnellement soumis au Kremlin. Son père, décédé en 1962, était le patron d’une pâtisserie dont les communistes ont confisqué le commerce. “Il y a des moments dans l’Histoire où il faut faire quelque chose”, parvient-il encore à murmurer sur son lit d’hôpital. Grièvement brûlé sur 85% de son corps, il succombe dans d’atroces souffrances le 19 janvier. Le jour de ses obsèques, 100 000 personnes défilent en silence à Prague.
Plusieurs Tchèques, inspirés par son sacrifice, s’immolent aussi, notamment l’étudiant Jan Zajic le 25 février et le technicien Evzen Plocek le 4 avril de la même année. Vingt ans plus tard, le 16 janvier 1989, un dissident nommé Vaclav Havel est arrêté alors qu’il dépose une gerbe à la mémoire de l’étudiant martyr. Une vague de manifestations suit, baptisée “semaine Palach”, et ébranle le régime, qui sera balayé par la “Révolution de velours”.