La croissance de la Chine a ralenti en 2018, pour atteindre son plus faible niveau en 28 ans après une année marquée par des efforts de désendettement, une demande intérieure en baisse et le conflit commercial avec les Etats-Unis.
La hausse du Produit intérieur brut (PIB) a été de +6,6% l’année dernière, a annoncé lundi le Bureau national des statistiques (BNS). Cette progression est au-dessus de l’objectif de +6,5% que s’était fixé le gouvernement.
Si sa croissance reste à un niveau que les économies occidentales peuvent lui envier, elle est aussi la plus faible depuis la très mauvaise année 1990 (+3,9%) à laquelle avaient ensuite succédé des années de croissance à deux chiffres ou quasiment.
Et surtout, la décélération a été continue au fil des trimestres de 2018 jusqu’à atteindre 6,4% au quatrième, son rythme le plus lent depuis 2009, année marquée par la crise financière internationale.
La santé économique de la Chine préoccupe parce que Pékin reste la locomotive de l’économie mondiale. Et un atterrissage brutal de la Chine risquerait d’engendrer une récession globale. La prise de température de l’empire du milieu est donc un indicateur de l’état de santé mondial.
Remise à l’ordre
Ce ralentissement est lié avant tout à la politique du gouvernement central, décidé à remettre de l’ordre dans son système financier. Depuis la crise de 2008, la Chine a soutenu son économie par une politique d’investissements massifs (lignes de métros, ponts, autoroutes, immobilier…).
Le gouvernement a aussi favorisé l’octroi facilité de crédits bancaires pour doper la consommation. Cette stratégie a permis le maintien de la croissance aux alentours de 7% ces dix dernières années, mais a aussi produit une dette faramineuse. Une situation qui a suscité de nombreuses mises en garde, y compris de la part de la Banque mondiale.
En 2017, le gouvernement a alors décidé de resserrer les cordons de la bourse, ce qui s’est répercuté sur la consommation interne du pays. On le voit par exemple avec la baisse drastique des ventes de voitures neuves, tombées l’an dernier à son plus bas niveau en 20 ans.
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En Chine, les sous-traitants de l’informatique tournent au ralenti
Le Forum économique mondial (WEF) ouvre ses portes mardi à Davos sur fond de ralentissement de la croissance mondiale, avec notamment les tensions commerciales entre Pékin et Washington.
Les taxes douanières ont accéléré le ralentissement de l’économie chinoise. Plusieurs entreprises, dont Apple, ont récemment revu à la baisse les prévisions de vente pour l’an prochain. La raison invoquée est notamment la guerre commerciale et la baisse de la consommation en Chine. Dans le pays, plusieurs entreprises tournent déjà au ralenti, dont les sous-traitants d’Apple.
Baisse des commandes d’Apple
Affaires personnelles sommairement emballées dans des sacs plastiques, valises posées à même le sol: des dizaines d’ouvriers évacuent leurs baraques dans la grisaille d’un matin de janvier. Le congé du nouvel an chinois n’est que dans trois semaines, mais ces travailleurs quittent Hujiancun, vaste zone industrielle de Shanghai. Amassés sur un trottoir, ils attendent leur bus. La plupart d’entre eux ne reviendra pas.
“C’est principalement à cause de la baisse des commandes d’Apple”, explique l’un d’eux. “Pegatron a dû couper le nombre de travailleurs. Il n’y a pas d’autres raisons.” (…)
Près de la moitié des collaborateurs partis
Pegatron est l’un des principaux sous-traitants d’Apple. Microsoft ou Huawei comptent également parmi ses nombreux clients. Mais le travail manque et les salaires sont sous pression, comme le confirme cet ouvrier sur le départ.
“En octobre, j’ai travaillé 13 jours pour 300 francs seulement. Le mois suivant, j’ai fait un temps plein pour 500 francs. Et en décembre, c’était à nouveau 300 francs seulement.”
De nombreux collègues sont partis, témoigne l’ouvrier. “Quarante, peut-être 50% des travailleurs. Dans ma chaîne de production, la plupart de 200 à 300 employés sont loin. Il reste une dizaine de personnes.”
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(Merci à Katsa)