Plus de 80 Sri-Lankais ont tenté de rejoindre l’île de La Réunion par bateau en 2018. Certains ont pu demander l’asile.
Chaminda et Lahiru (les prénoms ont été modifiés) semblent comme chez eux à l’ashram du Port, dans le nord-ouest de l’île de La Réunion. Demandeurs d’asile, cela fait dix mois qu’ils ont élu résidence dans ce lieu paisible, renfermant un temple et un jardin verdoyant. C’est la police aux frontières qui a appelé le responsable de l’ashram pour lui demander s’il pouvait les accueillir le temps que leur dossier soit traité, bien qu’ils ne parlent que le cinghalais.
En mars 2018, des pêcheurs avaient trouvé ces deux trentenaires à bord d’un radeau au large de La Réunion, en compagnie de quatre autres Sri-Lankais. Le chalutier sur lequel ils avaient navigué vingt jours avait chaviré deux jours plus tôt, racontent-ils. Cela paraît difficile à croire, mais ils assurent qu’ils venaient tout droit de leur île natale, sans escale, avec, pour seuls bagages, quelques vêtements et leur téléphone. « Il y a eu une tempête. Alors on a bricolé un radeau au cas où, se souvient Lahiru. Quand notre bateau a coulé, on a attaché nos sacs au radeau. On n’avait plus d’eau, plus rien à manger. Tout le monde était exténué. On n’avait plus beaucoup d’espoir. »
C’est pour fuir les persécutions politiques que Chaminda, Lahiru et les autres se sont lancés dans un périple aussi périlleux de 4 000 km dans l’océan Indien. « J’ai reçu des menaces du Parti de la liberté du Sri Lanka [SLFP] », affirme ainsi Chaminda, qui avait fait campagne pour le Parti national uni (UNP). Les deux ont formé une coalition, mais de vives tensions existent. Pour d’autres raisons, Lahiru aurait subi le même type de menaces.