Le Conseil d’Etat doit examiner mercredi des recours déposés en urgence par la CGT et la Ligue des droits de l’Homme demandant la suspension de l’usage du lanceur de balles de défense (LBD) dans les manifestations. Le Nouvel Obs a rencontré “Jim”, un horticulteur de l’île d’Oléron, éborgné par un tir de LBD le 8 décembre à Bordeaux à cause d’un tir de Flash-Ball.
[…] “ L’ambiance était bon enfant pendant la journée. Vers 16 heures, ça a commencé à dégénérer. On s’est fait nasser à Pey Berland [dans le centre-ville, NDLR]. Impossible de sortir “. Jim est une “grande gueule“, “un ancien para” qui reconnaît ne pas hésiter à monter en première ligne face aux CRS. […]Le couple essaie de s’enfuir par les petites ruelles, se cache derrière un abribus. “ Il y a eu un moment de flottement “, dit-il, et “ ils ” ont surgi. Une trentaine. “ J’ai voulu courir, j’ai eu le temps de pousser Célia [sa compagne], je me suis retourné vers eux, j’ai vu un type en noir me mettre en joue “. Jim s’écroule. Quand il se réveille à l’hôpital, Célia lui explique en pleurant qu’il a perdu un œil, beaucoup de dents, une partie de sa pommette… […]
Il angoisse sur son avenir. Son petit boulot dans les vignes, fini. La CMU ne couvrira pas tous ses frais médicaux, ni ses frais d’avocat – car il va porter plainte. Jim ne va pas bien, mais “refuse de se laisser terroriser“. Samedi, il repart manifester. Aux côtés d’Antoine qui, ce même 8 décembre, à Bordeaux, a perdu une main.