Fdesouche

Le biologiste héraultais Vincent Prié, qui suit la prolifération de l’anodonte chinoise en France, tire la sonnette d’alarme. Introduite dans les années quatre-vingt en Camargue, elle se répand comme une traînée de poudre sur tout le territoire français.

Basé à Lodève (Hérault), Vincent Prié est biologiste rattaché au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, spécialisé dans les mollusques bivalves d‘eau douce. Après avoir exploré, notamment en plongée, les rivières et les lacs de différentes régions, il lance l’alerte sur l’anodonte chinoise, une moule exotique qui prolifère discrètement au fond de nos cours d’eau et déséquilibre la faune.

[…] On peut savoir à partir d’un échantillon d’eau ce qu’il y a dans la rivière. Il suffit de l’envoyer à un laboratoire pour un séquençage d’ADN. “L’ADN environnemental me permet alors de confirmer la présence de l’animal et je plonge par la suite. »

“C’est spectaculaire, comme invasion. Dans la région, cette espèce est par exemple bien implantée dans le fleuve Hérault vers Florensac. J’y ai plongé il y a une dizaine d’années. On essayait alors d’estimer la quantité d’anodontes autochtones, explique le scientifique. Ces dernières étaient très communes, puis l’anodonte chinoise est arrivée. J’ai replongé dernièrement et il n’y a plus qu’elle. Cette espèce exotique a fait disparaître les anodontes locales en cinq à dix ans ; c’est rare que ça aille aussi vite.”

La moule est un animal globalement sédentaire. Les larves (glochidies) de l’anodonte se fixent sur les branchies des poissons et, arrivées à maturité, se laissent tomber au fond de l’eau. “Or l’anodonte chinoise produit très tôt au printemps énormément de larves. Les poissons se retrouvent alors dans une soupe de parasites. Quand ils sont très infestés, ils ont du mal à respirer. Ils s’affaiblissent mais arrivent à se protéger en développant une résistance…”
[…]

Midi Libre

Fdesouche sur les réseaux sociaux