Le 19 novembre 2018, le gouvernement annonçait une augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers extracommunautaires. Il est prévu, à la rentrée 2019, de passer de 170€ à 2 770 € pour une année de licence et de 243€/380€ à 3 770€ pour une année de master ou de doctorat.
Si la mesure était tout d’abord censée s’appliquer aux étudiants changeant de cycle (passant d’une licence à un master ou d’un master à un doctorat), il semblerait qu’elle ne devrait concerner seulement les étudiants étrangers extracommunautaires néo-arrivants, qui n’ont jamais été inscrits dans l’enseignement supérieur français.
Les 5 614 étudiants étrangers extracommunautaires de Paris 8 sont encore loin d’être rassurés. « J’ai économisé avec ma famille pour pouvoir financer mes études en France. Je suis déjà titulaire d’une licence en études audiovisuelles au Sénégal, mais j’ai dû m’inscrire d’abord en troisième année de licence cinéma à Paris 8 pour pouvoir accéder au master l’année prochaine et ensuite créer une boîte dans la réalisation audiovisuelle. Tout mon projet professionnel pourrait être remis en question », s’alarme Oumar. Même inquiétude pour Mariam, étudiante égyptienne en master 1 théâtre. (…) Budget serré également pour Ricardo, étudiant colombien en M1 anthropologie.
(…) A Paris 8, une baisse de 87% des vœux des candidats étrangers a été constatée. Université française comportant la plus grande part d’étudiants étrangers, plus de 30 %, « la dimension internationale de Paris 8 a été présente dès sa construction, avec l’idée de diversité, qui est aujourd’hui menacée par cette mesure », souligne Annick Allaigre. Certaines formations de l’université ont même été pensées à partir de cette diversité.
Le master Méditerrannée-Maghreb-Europe est composé à moitié par des étudiants étrangers. Sa responsable, Pascale Froment, a co-publié avec son collègue François Castaing, une tribune dans Le Monde début janvier, pour alerter sur l’une des conséquences qu’auraient cette mesure. « C’est une perte de richesse pour nos formations. Dans ce master par exemple, il est important de pouvoir mêler disciplines et horizons géographiques différents. A terme, l’image d’Université-monde de Paris 8 pourrait s’effacer. »
A l’IUT de Saint-Denis, 12,5 % des effectifs sont des étudiants étrangers extracommunautaires. « Ils viennent surtout de l’Afrique francophone. Pour moi l’un des rôles de l’université française est d’accueillir les étudiants étrangers pour partager les valeurs françaises dans le monde, cela n’a pas de sens de cibler un public non-francophone » regrette Samuel Mayol, le directeur de l’IUT.