Geoffroy Lejeune (Directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles) réagit au coup de gueule de François Berléand qui a déclaré “Les Gilets Jaunes me font chier” : «Je trouve fascinant cette morgue, cette arrogance, de cet acteur qui par ailleurs vit grâce aux Gilets Jaunes. C’est un bourgeois qui s’énerve de voir la populace s’énerver.»
– LCI,11 février 2019,17h08
« Berléand, qu’est-ce que c’est aujourd’hui ? C’est l’incarnation de l’exact inverse de ce que sont les Gilets Jaunes. C’est un nanti, quelqu’un qui n’a pas de problèmes dans la vie, son frigo doit être plein et je pense que c’est pas lui qui le remplit, et il n’a jamais compris ce qu’était le révolte des Gilets Jaunes. (…) Ce sont des gens majoritaires dans notre pays qui disent qu’ils sont les laissés pour compte du système dans lequel ils vivent et c’est une chose que tout le monde doit entendre même si on peut être énervé par la casse et les blocages, mais si on n’entend pas ça, on court à la révolution. Et Berléand assume de ne pas comprendre ça, il assume depuis le début d’être importuné par cette colère de gens qui demandent juste de pouvoir vivre de leur travail et de pouvoir vivre décemment dans un monde qui n’a pas été conçu pour eux. Moi, je trouve ça fascinant cette morgue, cette arrogance, de l’acteur qui par ailleurs vit grâce à eux, parce que c’est eux qui vont voir ses films quand il fait les Choristes et qu’il y a 5 millions d’entrées, c’est les Gilets Jaunes qui vont voir le film. C’est un bourgeois qui s’énerve de voir la populace s’énerver. (…) Je rappelle que Berléand était un soutien d’Emmanuel Macron (il était avec lui à la Rotonde au soir du 1er tour). Il n’y a aucun problème au fait qu’il soutienne Emmanuel Macron, mais il faut dire d’où on parle et Berléand parle du Macronisme, c’est un des soutiens d’Emmanuel Macron après avoir soutenu pendant 10 ans François Bayrou, il est donc très à l’aise avec la politique qui est menée aujourd’hui. Ca traduit le réflexe qui était celui de nos dirigeants de dire “On leur a donné 10 milliards, on leur a fait l’aumône à ces Gilets Jaunes, il faut qu’ils rentrent à la maison maintenant”. Mais ce qu’ils n’ont pas compris, c’est qu’ils demandaient plus, ils demandaient autre chose, ils demandaient un changement beaucoup plus profond, beaucoup plus radical, notamment dans la manière d’être considérés. »
« Emmanuel Gregoire (1er Adjoint PS de la mairie de Paris) se plaint du ralentissement de l’activité économique à cause des Gilets Jaunes or ces gens ne peuvent pas vivre de leur travail. (…) Le discours qu’on entend dans quasiment toute la classe politique “Il faut faire attention à la compétitivité, on va perdre des points de croissance” est inaudible et irrecevable par les Gilets Jaunes car ils ne sont pas bénéficiaires de ce système qu’ils entendent protéger. (…) Qui doit arrêter le premier, les Gilets Jaunes ou le gouvernement ? Je réponds que c’est le gouvernement parce qu’il a les moyens politiquement de donner une fin à ce conflit en donnant une victoire politique aux Gilets Jaunes s’il veut qu’ils rentrent à la maison. Le discours du 10 décembre et les 10 milliards d’euros n’étaient pas une réponse politique, c’était une façon d’acheter la paix sociale mais c’est pas ce que demandaient les Gilets Jaunes. »
« Alain Juppé est dans la même catégorie qu’Emmanuel Grégoire (1er Adjoint d’Anne Hidalgo à la Marie de Paris), les ministres de Macron ou Berléand. Ils ne comprennent pas que pour que les Gilets Jaunes qui représentent quasiment 7 Français sur 10 s’arrêtent, il faut qu’ils obtiennent une réponse à leurs problèmes ».