En Grèce, l’histoire de la déesse de l’Amour commence par une naissance miraculeuse. Le dieu du Ciel, Ouranos, s’était fait émasculer par son fils Cronos, alors en révolte contre l’autorité paternelle. Sectionné à la base, le gigantesque phallus était tombé depuis les nuages et s’était abîmé en mer. En percutant les vagues, il produisit un immense flot d’écume dont surgit, toute nue, la sublime déesse. À peine née, elle possédait déjà un physique parfait, selon les critères de la beauté féminine du moment: longs cheveux en chignon, petits seins, bras potelés, ventre légèrement arrondi au nombril bien marqué et cuisses charnues. C’est ainsi que la figurera le sculpteur de la « Vénus de Milo », la plus célèbre de toutes les statues d’Aphrodite, réalisée au IIe siècle av. J.-C. […]
Plus tard, le peintre Botticelli l’imaginera, suivant les mêmes canons, debout sur un immense coquillage. La mer représente le chaos dont émerge la perfection. La naissance d’Aphrodite est un mystère dont la violence préfigure celle du sentiment amoureux, volontiers intense, extrême… À peine arrivée dans l’Olympe, le palais des dieux, Aphrodite y sème le trouble par son charme irrésistible. Elle ne dissimule guère ses formes parfaites que soulignent ses tenues affriolantes. Et puis, elle porte une ceinture d’or magique, qui a pour effet de provoquer le désir.
La plus belle des déesses est mariée à Héphaïstos, le vilain dieu forgeron, à la demande d’Héra, épouse de Zeus, jalouse d’Aphrodite. Mais la déesse de l’Amour n’a que faire de ce mari imposé qu’elle trompe avec Arès, le dieu de la guerre : un sale caractère, mais un corps de rêve. Il lui arrive aussi de faire l’amour avec Hermès, Poséidon et Dionysos. On lui connaît même des amants mortels, comme le prince troyen Anchise qu’elle va trouver dans son lit, sans prévenir, avant de repartir le lendemain matin, juste après lui avoir révélé son identité divine.
Dans la mythologie du nord de l’Europe, connue notamment par des écrits islandais du Moyen Âge, le rôle d’Aphrodite est joué par Freyja. […] Au Liban, il prend l’apparence d’Adonis, un garçon d’une extraordinaire beauté dont Astarté est passionnément éprise. La déesse le cache dans une forêt où elle va le retrouver pour profiter de ses charmes.
En Grèce, le dieu de l’amour prend la forme d’Eros, un éphèbe toujours nu qui est, cette fois, non l’amant mais le fils de la déesse Aphrodite. On ne sait pas qui est le père de ce bel enfant, comme Aphrodite a eu des relations simultanées avec plusieurs dieux. Pourvu d’ailes dorées, il parcourt le ciel, décochant des flèches qui rendent tout le monde amoureux. Personne ne lui échappe. Même les dieux lui sont soumis, comme le chante le poète Hésiode (Théogonie, 116-122) qui fait d’Eros l’une des divinités primordiales, aux origines de notre monde.
Son nom signifie « désir » en grec. C’est lui qui est étymologiquement à l’origine de l’érotisme, c’est-à-dire l’expression et la représentation de tout ce qui concerne Eros. Quant aux Romains, ils l’ont appelé Cupidon, un nom formé sur le verbe cupio : « je désire ».
Valentin est un Romain du IIIe siècle qui, au départ, n’a pas grand-chose à voir avec l’érotisme. Il fut condamné à mort parce qu’il était chrétien. Selon une légende moderne, il aurait glissé un mot d’amour à la fille de son geôlier, signé « De ton Valentin ».
Valentin est devenu le patron des amoureux, sans doute en raison d’une tradition anglaise, remontant à la fin du Moyen Âge, qui faisait du 14 février le jour où s’accouplaient les oiseaux. Le poète Geoffrey Chaucer est l’un des tout premiers auteurs qui évoque cette croyance dans The Parlement of Foules (1382).
Ce fut le point de départ du Valentin’s Day qui se répandit ensuite dans le monde chrétien. […] Fêter la Saint Valentin est devenu un marqueur social et culturel qui dépasse la simple expression du sentiment amoureux.