15/01/2019
Il est reproché à un article de Désintox, dans Libération en 2012, d’avoir parlé de «fantasme» à propos de la suppression des mentions «père» et «mère» dans le code civil, au moment de la discussion du projet de loi sur le mariage pour tous.
Bonjour,
Vous nous contactez suite à plusieurs tweets moqueurs publiés ce mercredi 13 février, à propos de l’apparition possible (si la loi est définitivement adoptée) des termes «parent A» et «parent B» dans les formulaires scolaires. Ces tweets reprochent aux services de fact-checking, et à Désintox en particulier (l’ancêtre de CheckNews), d’avoir minimisé cette nouvelle en 2012, en la qualifiant notamment de «fantasme».
[…]…reconnaissons que certaines formulations étaient caricaturales. Nous notions ainsi que Marine Le Pen avait tenu ces propos:«Moi, je suis une maman aussi. Et moi, j’ai pas envie que demain à l’école, plutôt que le nom du père et le nom de la mère, il y ait marqué parent 1, parent 2». Et expliquions, à l’issue de notre démonstration sur le code civil: «Ce qui n’empêche pas, là encore, l’argument de s’étaler, se tordre, jusqu’à devenir l’objet d’un fantasme total. Car contrairement à ce que laisse entendre Marine Le Pen, la loi ne prévoit pas que sur les documents scolaires, les parents 1 et 2 remplacent “le nom du père et le nom de la mère”». De fait, la loi ne le prévoyait pas à l’époque. Mais il était effectivement excessif d’affirmer à propos de cette crainte qu’il s’agissait d’un «fantasme total».
[…]L’article de Libération signé par
Parent A, parent B : la droite part en live sur le mariage pour tous
INTOX
C’est l’argument médiatique favori des opposants au mariage pour tous. A les croire, le texte de loi entraînerait la disparition des termes «père» et «mère» du code civil et des documents administratifs.
[…]L’argument a aussi gagné le discours du Front national et de sa présidente. Interrogée sur LCP, le 9 novembre, Marine Le Pen déclarait : «Moi, je suis une maman aussi. Et moi, j’ai pas envie que demain à l’école, plutôt que le nom du père et le nom de la mère, il y ait marqué parent 1, parent 2.»
[…]DESINTOX
Des parents A et B (ou 1 et 2) en lieu et place des pères et mères ? L’image a le mérite d’être frappante. Mais elle a l’inconvénient de ne reposer sur strictement aucune réalité. Il n’y a nulle trace de ces termes dans le texte du projet de loi. On les retrouve, en revanche, très tôt dans les argumentaires des associations familiales et des réseaux catholiques les plus farouchement opposées au projet
[…]Reprise par une partie de la droite, la formule est désormais devenue le pivot de ces argumentaires politiques. Les opposants au texte défendent un certain modèle familial. Et pour cela, ils n’hésitent pas à imaginer et mettre en scène la disparition des termes mêmes qui le désignent, père et mère.
[…]En toute logique, donc, le texte de loi n’en parle pas. Et si un changement était nécessaire, rien ne permet de dire que l’on «numérotera» les parents dans le cadre des futurs documents.
Ce qui n’empêche pas, là encore, l’argument de s’étaler, se tordre, jusqu’à devenir l’objet d’un fantasme total. Car contrairement à ce que laisse entendre Marine Le Pen, la loi ne prévoit pas que sur les documents scolaires, les parents 1 et 2 remplacent «le nom du père et le nom de la mère».