"J'en ai pleuré pendant 3 jours, j'avais peur de sortir de chez moi" @Lea_Lejeune et @FlorencePorcel ont accepté de témoigner pour Brut du harcèlement qu’elles ont subi de la part de certains membres de la #ligueduLOL, un groupe Facebook privé. pic.twitter.com/j3BFqd6Brc
— Brut FR (@brutofficiel) February 11, 2019
Je ne sais combien de personnes avaient, à l’époque, relayer ledit canular, ni si d’aucuns auraient pu depuis effacer leurs tweets, mais je découvrais dans la foulée, effaré, que les archives de Twitter ne retrouvaient qu’un seul tweet l’ayant relayé, que j’en étais l’auteur, et qu’il m’avait visiblement amusé :
Je découvrais également que l’interview du « gentil troll » avait été faite à l’occasion d’un n° spécial trolls du Vinvinteur, émission diffusée sur France5, dont je fus le rédacteur en chef de janvier à mai 2013 et dont Florence Porcel était à l’époque l’une des incarnations à l’écran, mais aussi la « community manageuse ».
Je découvrais enfin que j’avais tweeté la mise en ligne de ladite émission le même jour à 20h, soit 1h48 seulement avant que je ne tweete le canular téléphonique…
Le fait de revoir cette émission donne une toute autre perspective à cette affaire : nous avions en effet demandé à Florence et Vinvin -son présentateur- de… jouer aux trolls, et le « gentil troll » n’avait donc rien trouvé de mieux que de… troller la « community manageuse » de l’émission de décryptage des trolls qui venait précisément de l’interviewer, en la piégeant façon Gérald Dahan.
Le Vinvinteur était en effet une émission de vulgarisation des (contre-)cultures Internet, qui comportait une partie divertissement (ce pourquoi Florence & Vinvin étaient déguisés), et un volet information/décryptage (dont j’étais responsable).
A l’époque, je prenais un malin plaisir à battre en brèche les clichés véhiculés sur le www, et avais proposé, de façon contre-intuitive, de mettre en avant la « fonction sociale » du troll, en interviewant le sociologue Antonio Casilli, auteur de nombreux articles et publications à ce sujet ainsi que celui qui, à l’époque, se faisait appeler @PascalMeric, parodie de « journaliste pour la groupe Mondadori » (sic) et auteur d’un manifeste intitulé Pour une #netiquette appliquée à Twitter.
Pour vous remettre dans le contexte, et vous permettre de comprendre pourquoi je l’avais qualifié de « gentil troll« , un article de Rue 89, Ma vie de « fake » sur Twitter, avait révélé en 2011 qu’il avait créé une cinquantaine de faux comptes, faisant notamment passer Vanessa Demouy pour une assidue lectrice de Joyce et admiratrice de Böcklin :
“Le but ce n’est ni de tromper ni d’humilier, le but c’est de faire du LOL. Twitter est devenu très individualiste, trop égocentré. Ça manque de rêve, de poésie et d’humour. Tout le monde se prend au sérieux, ce n’est pas ça le Web. Alors que quelqu’un s’amuse à quelques détournements de temps en temps…”
Son compte Twitter avait fait partie de la shortlist des 10 blogs ayant obtenu le plus de votes de la part des internautes dans la catégorie Microblogging des Golden Blog Awards.
Qualifié de « meilleur fake de Twitter » par Chloé Woitier (journaliste médias au Figaro), il avait également été recommandé par Nicolas Demorand en mode « mais pourquoi est-il si méchant!!?!!!?!? ».
Découvrant donc que, non seulement j’étais potentiellement le seul à avoir tweeté le canular qui avait « traumatisé » Florence, mais également que ce canular visait potentiellement moins Florence en tant que personne que l’émission où elle travaillait, je l’ai bien évidemment appelé pour m’excuser, et en parler avec elle, a fortiori parce qu’elle ne m’avait jamais parlé, ni à l’époque ni depuis, du mal que ce canular lui avait fait.
(…) bug brother