GRAND ENTRETIEN –Exodus, de Paul Collier, qui vient d’être traduit en français, est déjà considéré comme un classique dans le monde anglo-saxon. Sans céder à l’émotion, le professeur à Oxford y décrypte les conséquences de l’immigration, aussi bien pour les pays d’accueil que de départ. Loin d’être une chance, celle-ci fragilise l’Europe et appauvrit l’Afrique.
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Le multiculturalisme est-il une dangereuse utopie ?
Si l’immigration ne frappe pas les nations d’obsolescence, son accélération continue, conjuguée à une politique de multiculturalisme assumé, pourrait menacer leur viabilité. L’absorption s’est révélée plus difficile que prévu.
(…) Tout indique au contraire que l’accroissement continu de la diversité pourrait, à un moment ou à un autre, mettre en péril les accomplissements fondamentaux des sociétés modernes.
Beaucoup d’économistes vantent les bienfaits de l’immigration. Partagez-vous leur point de vue ?
C’est en grande partie une position incantatoire. Premièrement, ils répondent à la mauvaise question : «L’immigration est-elle une bonne chose ?», au lieu de «Quel niveau d’immigration est le meilleur ?». Deuxièmement, ils mettent généralement en avant les effets à court terme sur le PIB, alors que les effets à long terme importent davantage. Troisièmement, les recherches les plus fiables sur l’effet de l’immigration sur les salaires moyens ont montré qu’il est nul, ou très proche de zéro. Quatrièmement, cela a un coût social, notamment en matière de logement. Cinquièmement, les effets économiques sont probablement moins importants que les effets sociaux, qui n’ont pas fait l’objet de suffisamment de recherches.
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L’un des messages que ce livre tente de véhiculer, c’est que les cultures, ça compte. La culture, c’est ce qui sépare les diasporas des autochtones, et certaines cultures sont plus que d’autres éloignées de celle de la population indigène.