Deux femmes sont licenciées séance tenante, l’une pour harcèlement sexuel, l’autre pour racisme anti-noir. Des événements violents qui leur ont laissé des traces indélébiles
Annie, cinquante-six ans, était éducatrice dans une crèche près du quartier des Halles, à Paris. Un beau jour, à sa grande surprise, elle est convoquée pour un licenciement. Le motif : avoir tenu des propos racistes sur son lieu de travail.
Je suis allée au siège de l’association, là j’ai été accueillie très rapidement dans un bureau avec quelqu’un qui était à la RH (…) m’a dit qu’ils avaient reçu des mails de certaines de mes collègues comme quoi j’étais raciste, que je tenais des propos racistes (…) et que j’étais licenciée sur-le-champ pour faute très grave.
C’était d’une violence extrême. On m’accusait presque d’être du Ku Klux Klan.
Mais vous savez comment s’appellent mes enfants ? Leur père est Camerounais. Ce serait quand même assez curieux que je sois raciste.
Je n’ai pas connu immédiatement la teneur des propos(…), un jour il y a une collègue antillaise à qui j’ai demandé si elle s’était mis des mèches ou si c’était ses vrais cheveux, ça a été interprété comme une réflexion raciste.
J’ai été accusée de ne travailler qu’avec des Blanches(…) Il faut savoir quand même que celles qui se sont liguées contre moi se sont rassemblées entre gens d’origine africaine ou antillaise et qu’elles ont fait bloc.
Il y a une collègue qui avait une gastro et avec humour je lui ai dit qu’elle allait rejoindre Jacob Delafon (une marque spécialisée dans la fabrication de matériel pour les sanitaires, ndlr) c’était une plaisanterie, elle a écrit que je l’accusais d’aller voir des amants pendant ses pauses.
Par rapport au racisme des Noirs à l’égard des Blancs, ma fille dont le copain est blanc vit avec régularité des réflexions à tendance raciste, du fait qu’elle soit métisse elle doit forcément fréquenter des Blacks et pas des Babtous
Elle comprend progressivement les raisons de cette sanction, qu’elle interprète comme un mélange d’incompréhensions et de maladresses de sa part.
Il s’agissait d’un licenciement abusif. Les collègues ont fantasmé sur moi.
(…)