Il y a à peine deux ans, la simple évocation de cette possibilité les aurait fait sourire. Nicolas Dupont-Aignan, un danger pour la liste du parti Les Républicains (LR) aux européennes ? Jamais les cadres de LR n’auraient pensé que l’éternel candidat souverainiste de Debout la France (DLF) pourrait leur prendre quelques précieuses voix le 26 mai. Mais ça c’était avant. Avant l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et la vague « dégagiste » qui s’est ensuivie, laissant le parti de droite exsangue. Avant aussi les limbes sondagiers dans lesquels LR est tombé depuis et dont il semble ne pas réussir à s’extraire.
A un peu plus de trois mois de l’échéance, certains commencent à craindre sérieusement que Nicolas Dupont-Aignan ne rogne leur électorat. Certes légèrement, mais dans un contexte suffisamment compliqué pour que chaque voix compte plus que d’habitude. « Il ne faut pas négliger l’effet qu’il pourrait avoir sur nous », avertit un cadre de LR, inquiet à la lecture des sondages pour sa formation, qui ne décollent pas en dépit de l’offensive médiatique récente de Laurent Wauquiez. Selon la dernière enquête Ifop-Fiducial pour Paris Match, CNews et Sud Radio parue mardi 19 février, Nicolas Dupont-Aignan est à 6 % d’intentions de vote, quand LR demeure encore et toujours cantonné à 10 %.
« Nicolas Dupont-Aignan est, depuis longtemps, une variable d’ajustement aux européennes, explique Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. Lors de ce scrutin, il y a toujours toute une partie de l’électorat de droite assez volatile qui passe de LR à DLF ou encore au RN en fonction des échéances. » Avec ces 6 ou 7 % potentiels, Nicolas Dupont-Aignan contribue donc, selon le spécialiste, à affaiblir le parti Les Républicains.