La « communauté juive » doit reprendre en mains ces questions. Elle doit questionner la mobilisation médiatique à laquelle incidents et insultes antisémites ont donné lieu et qui s’est achevée par le rituel de la visite des hautes autorités de l’État au Mémorial de la Shoah ; puis, hasard malheureux du calendrier, par le dîner annuel du Crif. Voudrait-on conforter l’idée que la mémoire juive est privilégiée par rapport à d’autres et alimenter le fantasme d’une communauté juive liée au pouvoir et à l’argent qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Comment les « responsables » n’ont-ils pas anticipé les effets désastreux de ces images sur l’opinion publique ?
Par surcroît, voici qu’une partie de la classe politique et du monde médiatique se mobilise contre la « montée de l’antisémitisme » (il y a dix-huit ans que nous attendions ce choeur de vertu) juste au moment où un mouvement social d’ampleur, les « gilets jaunes », les inquiète. Certains parlent d’une « instrumentalisation de la mémoire juive ». Si tel était le cas, a-t-on pensé aux effets de ce dévoiement sur le judaïsme pratiquant des quartiers populaires, qui, lui, n’est pas protégé par la barrière géographique ?
(…) Le Figaro