Alors que le nombre d’actes antisémites a bondi de 74% l’an dernier en France, de plus en plus de juifs quittent leur quartier pour des villes moins hostiles.
(…) Ces dernières années, des milliers de juifs en quête de tranquillité et de sécurité ont quitté leur quartier pour trouver refuge dans un autre, où ils espèrent ne plus être pris pour cible en raison de leur confession. Cet exil, non désiré mais dicté par une haine réapparue au grand jour dans notre République depuis deux semaines, qui touche une partie des quelque 500 000 juifs de l’Hexagone, se nomme « alya interne » ou « alya intérieure ».
(…) La majorité des départs forcés ont lieu dans les quartiers populaires franciliens, en particulier de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d’Oise. « Dans certaines villes, il y a eu des engagements inutiles pro-palestiniens de la part d’élus. La population croyait bon d’être solidaire au point de s’en prendre parfois à la communauté juive », dénonce Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme. Sur place, les synagogues se vident. L’une d’elles, à Saint-Denis, a même fermé ses portes.
Les pôles d’attraction se situent, eux, dans la capitale, mais aussi dans la banlieue ouest comme Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et sud de Paris à l’instar de Vincennes et Saint-Mandé (Val-de-Marne).
« Ce n’est pas seulement de l’entre-soi communautaire, c’est aussi de l’entre-soi économique et culturel. Ceux qui ont les moyens déménagent vers les quartiers plus chics, comme d’autres Français », nuance la sociologue Martine Cohen, chercheuse émérite au CNRS.