C’est l’une des nombreuses entreprises à qui Facebook a délégué sa modération. Son nom ? Cognizant. Elle emploie plusieurs milliers de contractuels pour contrôler chaque jour les contenus du réseau social aux 2,3 milliards d’utilisateurs. Dans une vaste enquête menée auprès d’une douzaine de collaborateurs, le site spécialisé The Verge détaille à quel point les recrues finissent traumatisées par l’expérience. Contrat précaire, isolement, travail surveillé, exposition continue à du contenu choquant laissent les salariés dans un piteux état. « On les incite à ne pas discuter du poids émotionnel que leur travail leur impose, même avec leurs proches », explique notamment le journaliste.
(…) Face à cette pression constante et aux atrocités publiées sur Facebook, certains salariés finissent à bout de nerfs. Ainsi, The Verge révèle comment des modérateurs de Cognizant ont été retrouvés en pleine relation sexuelle dans les cages d’escalier, le garage, et même la salle d’allaitement réservée aux mères. D’autres racontent fumer régulièrement du cannabis pour décompresser, y compris pendant le travail. Enfin, la plupart s’adonnent à la pratique de l’humour noir pour extérioriser leur mal-être, quitte à enchaîner les blagues racistes ou sexistes ou les allusions au suicide.
Devant la prolifération des théories conspirationnistes en ligne, plusieurs contractuels ont avoué douter de plus en plus des versions officielles. Un salarié se balade dans le bâtiment en expliquant que la Terre est plate. Un ancien raconte qu’il a commencé à se poser des questions sur certains aspects de l’Holocauste. Un autre, qui dort avec une arme à feu, a déclaré que l’attentat du 11 septembre 2001 n’était sûrement pas une attaque terroriste.