Les droites belges, luxembourgeoise et portugaise demandent officiellement de mettre l’exclusion du premier ministre hongrois à l’ordre du jour du PPE.
Cette fois, au Parti populaire européen (PPE), la coupe est pleine. En tout cas au moins pour plusieurs partis membres de cette famille de la droite européenne qui a longtemps passé l’éponge au premier ministre hongros ultraconservateur, Viktor Orban. Jeudi 28 février, au moins quatre partis membres de cette formation – la plus puissante dans les institutions communautaires – ont officiellement demandé de mettre l’exclusion du Fidesz, le parti de M. Orban, à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale, prévue le 20 mars, ne tolérant plus les provocations anti-Bruxelles et la politique illibérale du maitre de Budapest.
Les présidents du Centre democrate et humaniste belge, Maxime Prévot, son allié flamand, Wouter Beke, et le Luxembourgeois, Frank Engel, du CSV ont envoyé un courrier commun à Joseph Daul, le président du PPE. « Pendant des années, [M. Orban] a agit en parfaite contradiction avec ce que nous collectivement au PPE considérons, et défendons, comme de la plus haute importance au regard de notre vision chrétienne démocrate des hommes et de la société » précise la missive, que Le Monde a pu consulter. « Pendant longtemps, nous avons pensé, et espéré que M. Orban pourrait changer, à force de dialogue et de mises en garde. […] Mais les incidents les plus récents marquent avec évidence que cette voie ne mène à rien ».
Une campagne d’affichage en Hongrie contre Juncker
Cette initiative a été accélérée par les dernières provocations de M. Orban, qui a lancé une campagne d’affichage dans toute la Hongrie pour prendre pour cible le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, également membre du PPE. Sur les pancartes, intitulées « Vous aussi vous avez le droit de savoir », s’affichent les visages grimaçants de M. Juncker et du milliardaire d’origine hongroise George Soros, devenu la bête noire de M. Orban qui l’accuse d’un complot visant à submerger la Hongrie de migrants. Le président de la Commission, qui avait estimé, dès octobre 2018, dans une interview au Monde, que le Hongrois n’avait « plus sa place » au sein du PPE, est accusé de partager le même plan.
Cette campagne, totalement assumée par Budapest, a ulcéré plusieurs membres de la droite européenne. Rappelant que les statuts du PPE permettent de lancer la procédure d’exclusion d’un membre, sur décision de la présidence ou lettre écrite de 7 partis de 5 Etats membres, les trois responsables du Bénélux insistent sur l’urgence : « Nous avons décidé de ne pas attendre plus longtemps et de réclamer l’exclusion du Fidesz. » Selon nos informations, les conservateurs néerlandais pourraient suivre.
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