Un homme faisant l’objet d’une fiche « S » a quitté son lieu d’assignation à Limoges. Retrouvé, il a été présenté jeudi devant le tribunal correctionnel de Limoges.
« C’est quand les personnes sous surveillance sortent des écrans radars, qu’elles passent à l’acte. » Cette phrase du vice-procureur de Limoges, Bruno Robinet, traduit l’inquiétude qui a sévi dans les couloirs de la préfecture de Haute-Vienne, de la cité judiciaire et du commissariat le week-end dernier.
Un homme de 35 ans, assigné à résidence et visé par une obligation de quitter le territoire (OQTF), n’est pas venu pointer, comme tous les jours, à 10 heures au commissariat de Limoges. Il n’était pas non plus sur son lieu d’assignation, où il devait rester entre 11 heures et 21 heures.
Une situation d’autant plus inquiétante que l’homme en question faisait l’objet d’une fiche « S » depuis 2016, en raison de son engagement militaire avec les forces tchétchènes par le passé, de son appartenance à la mouvance islamiste et des fréquentations suspectes en Belgique. Après avoir obtenu le droit d’asile en Pologne, l’homme s’était réfugié en France après de nouvelles menaces russes.
Parti à Strasbourg pour une manifestation
Entre le 22 et le 24 février, le prévenu n’était donc plus dans le département. Il s’était en réalité rendu à Strasbourg pour officiellement y rencontrer un de ses avocats. Moins officiellement, il devait aussi participer à une assemblée de représentants tchétchènes… Un changement d’emploi du temps qui avait engendré un retard d’une journée pour son retour en Haute-Vienne.
Pour retrouver le « fugitif », les services de police avaient eu recours à la géolocalisation de son téléphone portable. Un moyen presque disproportionné, puisque le Tchétchène avait en fait alerté la préfecture, via son avocate, de sa non-présentation au commissariat de police pour son déplacement à Strasbourg. « C’est la première fois qu’un “terroriste” dit où il va et quand il y va. Si lui est un terroriste, moi, je suis éleveur de chèvres à Guantanamo ! », ironise Me Toulouse, qui demandait la relaxe de son client pour nullité de sa procédure. « Son avocate aurait dû formuler une demande mais a mis le préfet devant le fait accompli. De plus, la préfecture l’avait autorisé à ne pas se présenter à l’hôtel de police, en aucun cas à quitter son lieu d’assignation », faisait remarquer le tribunal au cours de l’audience en comparution immédiate.