Pour François Bourguignon, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, « il aurait sans doute mieux valu débuter par des mesures en faveur du pouvoir d’achat pour tous » avant de chercher à « améliorer l’efficacité de notre système économique ». […] Aujourd’hui, le pouvoir d’achat des catégories des revenus bas et moyens est le même qu’en 2007, juste avant la crise. Cela représente plus d’une dizaine d’années de stagnation. […]
Il y a d’abord la crise financière et économique débutée en 2008. Le PIB a baissé, ce qui est très rarement arrivé depuis la seconde guerre mondiale. La baisse de la production nationale a entraîné celle du pouvoir d’achat. […] S’en suivent des années de politique d’austérité. Le PIB progresse à une vitesse extraordinairement faible, ce qui ne suffit pas à récupérer le choc de la crise de 2008. La stagnation vient de là.
Il y a une différence entre les bas et les hauts revenus. Les premiers ont chuté très vite dans la crise et ont commencé à se relever à partir de 2012-2013. Les plus riches revenus n’ont pas autant souffert de la crise que les autres, mais ils ont chuté après la crise, largement à cause de la politique fiscale de François Hollande. Il s’est alors produit une convergence et, dix ans plus tard, les uns et les autres ont retrouvé à peu près le même niveau qu’avant la crise, même si le chemin n’a pas été le même. Quoi qu’il en soit, au début du mouvement des « gilets jaunes », la revendication sur le pouvoir d’achat pouvait apparaître comme une réaction à cette longue stagnation. […]