Annegret Kramp-Karrenbauer, la dauphine de la chancelière allemande, prend ses distances avec le président français.
POLITIQUE – Annegret Kramp-Karrenbauer, dirigeante du parti conservateur allemand CDU et dauphine d’Angela Merkel, a présenté ce samedi 9 mars un plan pour l’Europe qui prend ses distances avec les propositions récentes du président français Emmanuel Macron en matière sociale, financière et diplomatique. “Notre Europe doit devenir plus forte” dans un monde miné par les replis protectionnistes et nationalistes, écrit Annegret Kramp-Karrenbauer dans ce texte intitulé “Bien faire l’Europe” et diffusé samedi par Welt am Sonntag.
Dans l’optique des élections européennes fin mai, “le président français Emmanuel Macron a adressé un appel aux citoyens de l’Europe il y a quelques jours, disant qu’il y avait urgence à agir. Il a raison”, estime la dirigeante depuis décembre du plus grand parti d’Allemagne, l’Union chrétienne-démocrate.
Celle qu’on surnomme “AKK” partage les idées du chef de l’Etat français notamment sur la politique migratoire européenne et la nécessité de mieux protéger les frontières ou de tendre vers une politique de l’asile commune. “Pour nous sentir en sécurité en Europe, nous avons besoin de frontières extérieures plus sûres”, écrit-elle en endossant l’idée d’une police des frontières commune.
Pas de salaire minimum européen
Mais la responsable, qui dans le camp conservateur allemand prend de plus en plus l’ascendant sur la chancelière Angela Merkel depuis son élection en décembre à la tête de la CDU et a de bonnes chances de lui succéder au pouvoir, marque sa différence sur plusieurs points.
Elle rejette ainsi la proposition française d’un salaire minimum européen et met en garde contre l’idée d’une mutualisation des dettes honnie par l’Allemagne mais promue par Emmanuel Macron pour le financement de projets d’avenir. “Nous devons nous appuyer de manière conséquente sur un système de subsidiarité et de responsabilités propres”, a-t-elle estimé. “Le centralisme européen, l’étatisme européen, la mutualisation des dettes, l’européanisation des systèmes sociaux et du salaire minimum seraient la mauvaise voie”, a-t-elle jugé. (…)
La responsable a aussi réclamé pour l’Europe un “siège permanent commun au conseil de sécurité” des Nations Unies, une revendication de longue date de l’Allemagne, alors que la France souhaite garder son siège. Cette proposition irrite au plus haut point Paris. Emmanuel Macron a lui proposé la mise en place d’un Conseil de sécurité européen pour préparer les “décisions collectives” de l’UE dans le domaine de la défense.
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