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“Il s’agit d’une supercherie”, car Abdelaziz “Bouteflika reste au pouvoir malgré tout. Au lieu d’avoir un 5e mandat, on a un 4e mandat prolongé”, a dénoncé sur franceinfo, mardi 12 mars, Fayçal Metaoui, journaliste pour le site d’information Tout sur l’Algérie (TSA), après l’annonce lundi du renoncement du président Bouteflika à un 5e mandat. Selon le journaliste, “le président Bouteflika veut lui-même gérer la transition” et “une partie de la rue pense que le pouvoir a contourné la demande de changement”.

franceinfo : “Tout ça pour ça” : c’est comme ça que commence l’un des articles que vous avez publié sur TSA après l’annonce du renoncement d’Abdelaziz Bouteflika. Vous avez le sentiment que c’est “une grande supercherie” ?

Fayçal Metaoui : Oui, il s’agit d’une supercherie. Beaucoup de monde se pose la question, y compris dans la presse. On s’est retrouvé [avec la déclaration de renoncement d’Abdelaziz Bouteflika] avec le même projet qui était déjà évoqué en novembre et décembre 2018. A cette date, un membre d’un des partis proches du pouvoir avait proposé un report de la présidentielle, une prolongation du 4e mandat et la convocation de la conférence nationale. Cela avait été démenti mais on se retrouve avec le même projet deux, trois mois après. Ce plan était déjà prêt et le report de l’élection présidentielle était bel et bien prévu : on se rend compte que le président Bouteflika prolonge son mandat jusqu’à une date qui n’est pas du tout précisée. Il a évoqué la convocation d’une autre élection présidentielle et une conférence nationale dont la date n’a pas été précisée. Bouteflika reste au pouvoir malgré tout. Au lieu d’avoir un 5e mandat, on a un 4e mandat prolongé.

Les Algériens sont-ils en train de se faire voler leur révolution ?

On verra. Il y a déjà un appel à manifester pour le vendredi 15 mars. Un appel qui a circulé avec beaucoup d’intensité parce qu’une grande partie de l’opinion a compris qu’il y avait une supercherie et que, finalement, ce n’est pas ce que la rue demandait. Le 22 février, le 1er mars et le 8 mars, les Algériens sont sortis pour dire non au 5e mandat mais également pour un changement du régime. Or le régime reste, le président reste, et le président Bouteflika veut lui-même gérer la transition avec la conférence nationale, avec la révision de la constitution. Une partie de la rue pense que, probablement, le pouvoir a contourné la demande de changement et a puisé dans le langage de l’opposition pour se maintenir. Hier, malgré cela, on a vu des scènes de joie dans la rue.

Maintenant, quel nom le pouvoir peut avancer pour incarner un changement et se maintenir aux responsabilités ?

On a déjà un nom, la nomination curieuse de Ramtane Lamamra, qui est un ancien ministre des Affaires étrangères qui a représenté l’Algérie à l’ONU pendant longtemps. Une intrusion dans le gouvernement puisqu’il est nommé vice-premier ministre. Quel est son rôle ? Va-t-il seconder Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur, qui n’est pas du tout un politique, et qui est nommé Premier ministre ? Est-ce qu’il va préparer la conférence d’entente nationale ? Pour les observateurs, on pense que Bouteflika a probablement désigné Ramtane Lamamra comme son successeur pour les prochaines élections qui auront lieu peut-être en 2020 ou 2021. On verra au cours des prochains mois comment les choses vont évoluer.

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