Meltem est un film qui mélange les genres et met en scène des situations et des personnages complexes, mais l’histoire que le film raconte est simple. Il s’agit d’un trio d’amis, Français “issus de l’immigration”, qui se retrouvent en vacances sur l’île de Lesbos au moment de la crise économique et migratoire de 2015. Elena veut vendre sa maison de famille -et tout son héritage grec, après s’être brouillée avec sa mère, décédée depuis-, Nassim veut déclarer sa flamme à Elena, et Sekou veut passer du bon temps loin de sa cité dans les idylliques paysages grecs. Mais les vacances prennent une toute autre tournure quand Elena et ses amis rencontrent Elyas, jeune migrant syrien à la recherche de sa mère, dont il a été séparé en arrivant à Lesbos. En aidant Elyas à retrouver sa mère, Elena va faire le deuil de sa propre mère et renouer avec ses racines et son passé refoulés, tandis que Sekou et surtout Nassim vont prendre viscéralement conscience de leur identité française -et de la violence de leur époque.
Le film passe du rire aux larmes, et le passage à l’âge adulte des jeunes protagonistes s’accomplit par l’expérience de l’amour, de la mort et par l’éveil d’une certaine conscience politique. Mais le mélange des genres, dans une intrigue pareille, ne repose pas uniquement sur un choix esthétique : c’est le cadre surréaliste de la Grèce de 2015 qui constituait en lui-même un mélange des genres inouï à même le réel. La coexistence, sur une même île, de touristes aisés occidentaux, de Grecs ruinés par la crise, et de réfugiés du Moyen-Orient et d’Afrique affluant chaque jour par milliers, offrait un tableau unique de la violence géopolitique et économique de notre temps. […] Ce film montre que les migrants sont des êtres humains, pas des statistiques.