“Le policier qui m’a reçu était aussi surpris que moi.” Un ancien étudiant de l’Ecole polytechnique a annoncé, lundi 11 mars, sur Facebook, qu’il était visé par une plainte “pour port illégal d’uniforme au cours d’une manifestation politique ou syndicale”. La prestigieuse école d’ingénieurs lui reproche d’avoir pris part à une manifestation des “gilets jaunes”, le 1er décembre dernier à Paris, en tenue de polytechnicien.
Ce jour-là, Régis Portalez, 34 ans, enfile son uniforme et son chapeau bicorne avec un objectif “clair” : “montrer que parmi les ‘élites’ de ce pays, dont les polytechniciens sont une figure visible et encore respectée, il y en a qui sont prêts à s’engager dans un tel mouvement populaire pour la justice sociale et fiscale”. Il se rend sur les Champs-Elysées, là même où défile, chaque 14 juillet, une délégation d’élèves de Polytechnique. “J’ai fait le tour de l’Arc de triomphe, loin des barricades, en restant avec les gens qui observaient”, précise-t-il à franceinfo.
Avant de partir de chez lui, ce père de famille “précautionneux” dit avoir pris soin de se renseigner sur les risques éventuels d’un tel défilé en tenue. “J’ai trouvé des interdictions concernant les militaires et les policiers, mais rien qui ne correspondait à mon cas, à savoir les uniformes d’élèves, assure-t-il. Je sentais bien que ça ne plairait pas aux anciens élèves, mais je n’ai jamais pensé que c’était illégal.”
En février, coup de fil de la police. “J’ai appris qu’une plainte avait été déposée contre moi et j’ai dû aller déposer au commissariat, dans le cadre d’une audition libre”, raconte Régis Portalez. En creusant la question, cet ingénieur en informatique découvre l’existence d’un article du Code pénal prévoyant une peine d’un an de prison et 15 000 euros d’amende pour le fait, “publiquement et sans droit, de porter un costume, un uniforme ou une décoration réglementés par l’autorité publique”.